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 [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17)

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Anithia / Yshuan
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Anithia / Yshuan


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MessageSujet: [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17)   [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17) Icon_minitimeLun 1 Mar 2010 - 11:10

Je me sens vaguement coupable de ce qu'il nous arrive. C'est un drôle de sentiment... un goût amer que j'avais oublié. Fermant les yeux, je laisse le flux d'éther caresser mon visage par vague, jouer dans mes cheveux et piquer ma peau. Derrière moi, j'entends une faible respiration. Tournant juste la tête, j'observe la silhouette du sorcier. Il dort pour la première fois dans son nouveau corps. Une fois de plus, les Ombres ont été généreuses avec lui. Il est magnifique. Esquissant un pâle sourire, je chasse quelques mèches qui chatouillent mon visage, puis j'observe mes mains. Pour moi, il me faudra encore quelques jours avant de pouvoir réintégrer mon corps matériel.
Pour le moment, il me faut me contenter de ma projection d'énergie... le souvenir de mon ancienne apparence. Celle du temps où j'étais totalement humain, celle avec une peau dorée, des cheveux à la longueur vertigineuse, d'un noir de jais... mais surtout une apparence aux iris noisettes. Oui, de simples yeux communs à cent mils autres. D'ailleurs, je les tourne vers le corps encore brûlé qui repose plus loin dans la pièce. Délaissant la fenêtre ouverte, je m'approche du cadavre et me penche au dessus, curieux. Si le corps est entièrement noir, il reste une zone quasiment intacte : une parcelle de peau au niveau du cœur. Une cicatrice longue d'une vingtaine de centimètres et large du tiers. Automatiquement, je porte une main à ma poitrine en grimaçant.

- Lawener...

Mes ongles crissent sur le tissu de ma tunique. Me redressant, je me détourne du corps carbonisé et je retourne à la fenêtre. Les Ombres reprennent leur travail, soignant lentement mon corps des flammes magiques qui l'ont consumé quelques dizaines d'heures plus tôt. Oui, ça va prendre un peu plus de temps que je ne l'aurais cru. Mais au moins, je suis libre... et avec lui. M'adossant au rebord de la fenêtre, j'observe encore l'homme endormit et finis par le rejoindre en silence. M'allongeant à côté de lui sur le lit, je passe ma main au dessus de son visage sans le toucher. Non, je me contente de sentir sa respiration s'échouer contre la paume de ma main. Un vague sourire étire mes lèvres et je ferme lentement les yeux, relevant les mains à hauteur d'épaules, allongé sur le ventre. Juste sa présence à le don de m'apaiser suffisamment pour chasser mes idées noires.
J'ouvre à nouveau les yeux, subitement. Si je suis toujours allongé sur le lit, celui-ci est vide et je ne suis plus dans la chambre. Roulant sur le dos, je peux voir au dessus de moi un ciel noir et une pluie de sang tomber sans interruption... sans jamais toucher le sol. Clignant des yeux, je tourne la tête sur le côté, les mains toujours remontées près de mes épaules. A mes poignets, des bracelets de fer. Mes cheveux s'étalent autour de moi comme autant de fils d'encre qui finissent par couler au sol... un sol qui n'est qu'un amas de corps écorchés et torturés. Je suis dans mon monde et IL est là.

D'une pression de ma volonté, je fais fondre les chaînes qui me retiennent au lit puis je me lève. Ce jeu dur depuis plus de trois cents ans. Depuis plus d'une centaine d'années je gagne du terrain. Depuis plusieurs mois je domine le jeu et je gère mon propre corps. Sa volonté est mienne et ses pouvoirs se plient à ma seule voix. Malheureusement, dès que je lâche du moue IL saisit l'occasion et relance le jeu. Franchement, qu'est-ce qu'IL peut être ennuyeux ! M'éloignant du lit, je dépasse quelques arbres aux troncs noirs et aux feuilles blanches pour arriver à un étang fait de sang et bordé de crânes.
Le contournant, je m'enfonce davantage dans mon monde, ignorant le vent porteur de gémissements et les silhouettes tordues qui dansent à la périphérie de ma vision. Et puis je le vois. IL est là, montagne immense de noirceur et de puissance. Son corps d'aberration vomit son sang visqueux et ses yeux, gouffres de haine, se braquent sur moi. Clignant des yeux, je le sens derrière moi, posant ses mains sur mes épaules et murmurant à mon oreille.

- Yshuan... combien de temps vas-tu encore me résister ?
- Le temps qu'il faudra... pourquoi ?
- … Je commence à me lasser de ce jeu. Tu es pénible, Yshuan. Même si ta récente attirance pour ce sorcier m'intrigue. Qui est-il ? Tu m'interdis de le savoir. Tu me confines au fond de ton monde... Pourquoi !?
- Parce que ça ne te regarde pas. C'est aussi simple que ça... Dis, tu crois que sous cette forme je peux quand même manger un truc de sucré ?

Me retournant, je ne rencontre que le vide. Aaah... Je déteste quand il fait ça. Moi, je ne sais plus le faire. Franchement, c'est de la triche. Tressaillant, j'entrouvre les lèvres et laisse couler un flot de sang noir. Baissant lentement la tête, j'observe son bras qui traverse mon torse. IL m'a bien eut sur ce coup. La main hérissée de pointes se rétracte avec violence et j'entends derrière moi cet idiot de Général qui se met à rire alors que je tombe à genoux. Toussant encore du sang, j'ai du mal à rester conscient. Je ne dois pas sombrer... une question de fierté ou quelque chose du genre. Je... ne sais plus. Au moins, je n'ai pas hurlé de douleur cette fois. Vraiment, je m'améliore de décennies en décennies.
C'est ça le jeu. On se bat éternellement, chacun de nous redoublant d'ingéniosité pour trahir et torturer l'autre. Un combat acharné pour que je puisse récupérer mon âme, mes souvenirs... une lutte farouche pour qu'IL retrouve sa liberté et puisse me dévorer. Mais je ne peux pas perdre, il a triché. Toussant, je pose les mains sur le trou béant en plein milieu de mon torse et je le referme rapidement. J'ai mal, mais j'ai connu pire. Me relevant, je m'éloigne d'un pas incertains. Sans mon corps matériel, je ne peux pas vraiment dominer. Je ne suis pas encré dans une réalité qui me permet de m'esquiver lorsque ça chauffe un peu trop pour moi.

Des ronces surgissent d'entre les corps au sol et s'enroulent à mes chevilles. Désorienté par la douleur, j'observe l'avancée laborieuse de mes chaînes. Ma peau se déchire, le sang coule à flot et je l'entends rire de plus belle. Ah, franchement... je ne suis pas... en forme. Lorsque les ronces recouvrent mon visage, je sens une torsion et mon corps se retrouve broyé dans l'étau de mon cocon. Je sombre alors...

Une odeur de tabac.
Sans ouvrir les yeux, j'écoute les bruits qui m'entourent. Il y a l'infime crépitement d'une braise, le souffle d'un être humain exhalant de la fumée. Le crissement des ongles long passant dans mes cheveux. Le froissement des feuilles d'un livre. Le chant d'un oiseau et les battements frénétiques de ses ailes contre les barreaux de la cage. Lentement, j'ouvre les yeux avant de me redresser sur un coude. Derrière moi, quelqu'un arrête de caresser mes cheveux et me laisse me relever. Je m'empêtre dans mes habits. Des habits de femmes... un kimono ? Peut-être bien. Il es magnifique, mais je me sens horriblement mal à l'aise. Où suis-je ?
Une femme murmure mon nom. Le ton est bas, sifflant comme celui d'un serpent... et contient tout autant de venin. Me retournant, je vois une femme magnifique. Allongée sur les tas de coussin dont je peine à m'extraire, elle fume une fine et longue pipe avec des gestes élégants. Elle porte elle aussi un sublime kimono pratiquement ouvert en totalité sur son corps encore jeune et finement taillé dans des courbes rondes. Mais son regard... est mort. Un long frisson de dégoût me saisit et je m'éloigne d'elle. Souriant, elle se contente de m'observer et j'ai soudain l'impression d'être cet oiseau dans sa cage, prêt de la fenêtre.

Me détournant, je sors de la pièce et je monte les premiers escaliers que je trouve. Les lieux sont empreints d'une impersonnalité qui me trouble de plus en plus. Si la décoration est à couper le souffle, rien ne semble refléter la moindre personnalité... comme les yeux de cette femme. M'arrêtant à cet étage, je retrousse les manches de ma tenue pour dévoiler mes mains et rejeter par dessus mes épaules les longues mèches de jais qui gênent mes mouvements. J'étouffe dans toutes ces couches de tissu ! Un bruit de casse suivit d'un cri étouffé me parvient. Tournant la tête, j'aperçois une porte entrouverte que je viens pousser pour regarder à l'intérieur de la pièce.
Je vois une jeune femme, allongée au sol et dont la tenue similaire à la mienne est grossièrement retroussée jusqu'à la taille. Détournant aussitôt les yeux, je croise le regard glacé d'un homme. Imposant par sa stature, il est en train de boucler la ceinture de son armure en maille. Me toisant, son visage se fend d'un sourire cruel et il s'approche de moi. Une peur sourde me cloue sur place. Je suis bien incapable de bouger, et même de parler. Si je ne sais plus qui est cet homme, j'ai le souvenir de le craindre et de chercher à le fuir. Lorsqu'il n'est qu'à quelques centimètre de moi, je le retrouve le nez au niveau de son torse et je peux sentir une odeur de fauve et de foutre. Tremblant de la tête aux pieds, je ravale un gémissement plaintif lorsqu'il me force à le regarder en me saisissant par les cheveux.

- Tu viens rendre visite à ta sœur ? Comme c'est gentil... je te la laisse. J'ai finis avec elle pour aujourd'hui.

Il se penche pour lécher ma joue et me murmure des choses à l'oreille. Des phrases qui me font pleurer d'horreur. Me relâchant, il me pousse brutalement à l'intérieure de la pièce et je m'écroule au sol alors que mes pieds s'empêtre dans le bas de ma tenue. Gardant le nez contre les tatamis, je chasse l'odeur écœurante de cet homme par celle de paille fraîche qui me chatouille les narines. En entendant la jeune femme se rhabiller, je me redresse enfin en position assise et mon regard croise le reflet d'un miroir. Si c'est bien moi que je vois, je n'ai pas plus de treize ans et je suis habillé comme une femme. Mon visage au trait fin ainsi que mon corps androgyne parfait encore l'illusion de mon déguisement.
La femme se relève et je porte mon attention sur elle. A peine plus âgée que moi, je suis choqué par l'expression vide qu'elle affiche... par ce regard hanté qu'elle pose sur moi, mais surtout... par son ventre arrondi par une grossesse entamée depuis plusieurs mois. Déglutissant avec peine, je me lève à mon tour et reste immobile. Qu'est-ce que je peux faire ? Je crois que c'est ma sœur, mais je ne la reconnais pas. S'approchant de moi, elle écarte les mèches qui recouvrent mon visage et m'embrasse tendrement sur les lèvres. Elle tient à la main un ruban qui devrait attacher ses cheveux, l'autre posé sur son ventre.

- Je t'aime petit frère.

Silencieux, je l'observe se détourner de moi et aller ouvrir la fenêtre. Lentement, elle se penche un peu comme pour regarder en bas puis elle saisit l'encadrement, son ruban ondulant sous la brise. J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort. Ma soeur lève un pied et se hisse sur le rebord de la fenêtre. Une larme roule sur ma joue et je murmure un nom que je n'entends pas. Elle tourne la tête vers moi et me sourit. Son sourire me glace jusqu'au sang car il est tellement... pur... Tremblant de plus en plus, j'élève la voix pour crier un nom que je n'entends toujours pas. Il n'y plus aucun bruit autour de moi alors qu'elle se détourne. Comme au ralentis, je la vois lâcher les bords de la fenêtre et basculer en avant.

- YSAAAAANDRE !!!

Enfin... Enfin je hurle son prénom. Me précipitant vers la fenêtre, je tombe lourdement au sol avant d'en atteindre le bord. Une vague douleur à la cheville me murmure le long du corps que je me la suis foulée en trébuchant sur ma tenue. Allongé sur le ventre, je ne vois de la fenêtre qu'un carré de ciel. Et dans le bleu, s'envole le ruban de ma sœur.
Ysandre est morte à quinze ans, préférant s'envoler plutôt que de porter l'héritier de son époux trente ans plus vieux que lui. J'ai perdue ma grande sœur un matin d'automne. Autour de moi, le décors s'estompe. Le souvenir se craquelle et je ne cherches pas à le retenir. Il est à présent encré en moi comme un fer chauffé à blanc poserait son empreinte sur ma chaire. Les ronces s'écartent et je m'extirpe de ce tombeau. Ignorant le Général qui cesse de rire, je rebrousse chemin vers la réalité. A côté de moi, l'autre dort toujours et je me lève du lit pour retourner à la fenêtre. D'un regard absent, je cherche un ruban dans le ciel nocturne.
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Anithia / Yshuan
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MessageSujet: Re: [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17)   [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17) Icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 7:03

L'air est moite, chaque inspiration me fait souffrir, mais il est hors de question que j'arrête de courir. Mes muscles crient grâce, la fatigue me fait de plus en plus trébucher et mes mains sont toutes écorchées à force de me relever sur le sol jonché de gravier. Ma vue se brouille de larmes ou est-ce à cause de la sueur qui glisse de mon front !? Je ne sais plus, mais j'ai peur. Terriblement peur... Et c'est pour ça que je fuis. Quittant un instant le chemin, une pente soudaine, le sol se dérobant sous mes pieds et je pousse un cri de frayeur alors que je bascule dans le vide. Roulant et rebondissant tout du long de la pente, je me casse plusieurs ongles en tentant d'arrêter ma descente. Je tente désespérément de m'accrocher à l'herbe haute, aux ronces et mêmes à des cailloux... mais rien ne n'arrive à freiner ma chute.
J'ai mal partout, des branches basses cinglent mon visage, les cailloux sur lesquelles je tombent meurtrissent mon corps et soudain, je quitte un instant le sol en pente pour me retrouver dans une rizière. L'eau boueuse se referme sur moi comme un linceul glacé et je suis coupé du moindre son. Pour le coup, je me crois vraiment mort... Mais moi je sais ce que la vrai mort réserve. Les yeux clos, sonné par ma chute, je reste inerte quelques secondes avant de me relever brusquement, toussant comme un fou pour chasser l'eau de mes poumons. A genoux, mes encombrants habits gorgés d'eau et couverts de boue, je regarde autour de moi d'un air hagard. Une cascade d'immenses rivières s'ouvre autour de moi, et si le décors aurait pu être magnifique, dans ma situation cela ne fait que me figer d'effrois. Je connais cet endroit... je ne suis pas encore parvenu à fuir le territoire de ma famille. Gémissant de douleur, j'observe mes mains en sang et je me relève lentement. A ce rythme je ne tiendrais pas longtemps ! Essorant mes cheveux, je patauge pour sortir de la rizière, et je me hisse laborieusement sur le rebord d'herbe pour reprendre un instant mon souffle.

J'ouvre subitement les yeux. Trouvant au dessus de moi le plafond de la chambre. Ma respiration est calme, mais je me sens mal à l'aise. Encore un éclat de souvenir... J'en fais de plus en plus ces derniers temps. Est-ce une bonne nouvelle !? Je me relève pour m'asseoir en tailleur, passant une main tremblante dans mes cheveux courts. Hn... Fixant ma main, je ravale de justesse un cri de douleur, ne laissant filer entre mes dents qu'une grondement bas et animal. Plié en deux par de violentes douleurs, je crispe mes mains sur les draps froissés. Mon corps peine à se remettre... Je n'aurais pas du le réintégrer aussi tôt, mais depuis qu'il est partit, je ne me sentais pas de vivre comme un fantôme. Seul à errer comme une âme perdue entre deux réalités. Sans parler que le Général est de plus en plus désespéré.
Les douleurs se calment, je me redresse lentement puis je me glisse hors du lit. Un double lit désespérément vide maintenant. Croisant les bras sur mon ventre, je m'empêche d'aller me blottir du côté où il dormait à la recherche des derniers fragments de son odeur. Je ne me comprends pas... qu'est-ce qui m'arrive !? Je presse une main à l'emplacement de mon cœur, troublé, tout en regardant par la fenêtre. Qu'est-ce que c'est que ce sentiment ? Fronçant les sourcils, je ferme les yeux. Tout ce que je sais, c'est que je suis à nouveau seul. Il fait noir et je suis seul... Inspirant lentement, je déploie mes fils d'ombre pour aller chercher le corps de l'ancien maître des lieux.

Les pas lourds résonnent dans les escaliers alors que je hisse le cadavre jusqu'à la chambre. Toujours de dos, fixant la campagne sauvage, seule ma main droite s'agite par saccade et mes doigts pianotent dans le vide faisant onduler les fils noirs naissant de leurs extrémités. Des bras me serrent fermement contre un corps glacé et puant. Gardant les yeux clos, je frissonne violemment mais je me laisse aller dans cette fausse étreinte. Je ne veux plus jamais être seul. Non... Plus jamais. Serrant les dents, je repousse violemment le corps qui s'écroule au sol comme une poupée désarticulée. Fixant ce corps en décomposition, je sens ma respiration s'accélérer progressivement et ma vue se brouiller de larmes.
Serrant les dents, je baisse la tête et deux perles de détresses roulent le long de mes joues pâles, laissant des sillons gris. Une boule se forme dans ma gorge, elle grossit et m'étouffe... alors je craque. Basculant la tête en arrière je pousse un cri et un autre et encore un autre. Je ne peux plus m'arrêter de crier. Les larmes dévalent mes joues, alors que mes hurlements s'entrecoupent de sanglots désespérés. Tombant à genoux, je croise les bras pour agripper mes épaules. Me repliant sur moi-même, je me mets à pleurer comme un enfant. Je ne retiens pas mes hoquets ni mes reniflements pitoyables. Pourquoi est-ce que je finis encore seul !?

Silencieux, j'entrouvre les yeux, fixant le ciel étoilé. Mes habits trempés collent à ma peau et sont tellement lourds ! Désespéré, j'enlève plusieurs couches de tissu, plongeant dans l'eau froide ce que je ne garde pas pour dissimuler ma piste. Enfin, les spiritualistes à la solde de ma mère finiront bien par me retrouver... mais autant ne pas leur faciliter la tâche. Tremblant de la tête aux pieds, je me relève et je m'éloigne d'un pas titubant. Il y a non loin un petit village. Je pourrais demander à y passer quelques heures pour soigner mes blessures, me reposer un peu et trouver des habits secs. Pieds nus, je glisse plusieurs fois dans l'herbe humide le long des rizières, mais je finis par arriver aux maisons. Les gens sont tous chez eux, se levant avec le soleil et se couchant avec lui.
Esquissant un pâle sourire face à cette vie simple, je frappe à la première porte qui ne tarde pas à s'ouvrir. Silencieux, je me contente de poser un regard désemparé sur l'homme qui me fixe d'abord avec suspicion puis avec un affolement palpable. Appelant par dessus mon épaule, il n'ose pas me toucher et ce n'est que lorsque sa femme se présente à son tour à la porte, que je suis pris en charge. Rapidement je comprends leur comportement : ils me prennent pour une jeune femme ayant subie une agression. Sans un mot pour les détromper, j'entre dans la maison.

Non... Je ne serais plus aussi seul. Je n'aurais plus aussi désespérément ce sentiment glacé... ou alors je ne serais plus le seul à ressentir ça. Pourquoi resterais-je là à souffrir !? Un lent sourire étire mes lèvres. J'entends le chuchotement des ombres, excitées par l'idée qui germe dans mon esprit. Je me relève d'un seul mouvement, hissé sur mes pieds par mes propres fils. Essuyant mes larmes, je m'habille lentement puis je vais ouvrir la fenêtre. Les ombres derrières moi s'agitent, elle ondulent comme les vagues sur la plage. Elle grignotent la chiche lumière offerte par la lune. Me hissant sur le rebord, je lève les yeux vers le ciel, mais il n'y a aucun ruban porté par le vent. Je suis seul.
Avançant un pied dans le vide, un énorme scolopendre d'ombre sort du mur et me reçoit quelques centimètres plus bas. Restant debout sur le milieux de son dos, je bascule la tête en arrière pour continuer à dévisager la lune. Ma créature ondule au sol, sa gueule hérissée de crocs bavant des fluides noirs au sol. Sans la moindre hésitation, elle nous fait foncer dans l'ombre d'un énorme rocher... disparaissant une seconde, nous émergeâmes à Verteron.

La forêt n'a pas beaucoup changée. Sautant au bas du scolopendre, je l'observe se hisser du tiers de son corps et déployer les faux qui remplacent ses huit premières pattes. Entièrement noir, elle ne possède que deux yeux ronds et rouges qui brillent d'une lueur malsaine. Claquant avidement des mâchoires, elle reste néanmoins à mes côté, docile. Les ombres inférieurs sont tellement obéissantes ! C'est un vrai plaisir. M'avançant de plusieurs pas, je distingue entre les arbres une petite ferme isolée. Un large sourire démentiel étire mes lèvres. M'approchant encore, j'écarte ensuite les bras et je laisse les ombres vomir mes créatures. Des scolopendres, des bêtes humanoïdes aux gueules animales et aux griffes démesurées.
Glissant d'ombres en ombres, elles se faufilent dans la maison sans un bruit. Fermant mes yeux, je les rouvre dans les leurs. Je passe d'une bête à l'autre, les guidant et les faisant agir comme bon me semble. A travers elles, je peux goûter à l'âcreté de la peur, au goût métallique et salé du sang... Sentir la chaire fondre sous mes dents, les muscles s'étirer et les os craquer sèchement. Je me vautre dans le massacre, m'enroulant dans la corruption que je répands telle une fourrure soyeuse enserrant mon corps.

L'homme est le premier à mourir. Présent dans la salle principale, il voit mes ombres émerger des flaques sombres à l'opposé de la cheminée. Prenant aussitôt un couteau et sa lampe à huile, il hurle à son épouse d'aller s'enfermer avec les enfants. La créature que je possède se fend du même sourire qui étire mes lèvres. Amusant ! Le plaquant au sol, j'enfonce ma gueule dans son ventre et je commence à me repaître pendant qu'il hurle. La lampe va s'écraser un peu plus loin, lançant un incendie. Me retirant de cette Ombre, je vais sur la seconde qui se faufile dans la réserve et qui n'y trouve rien. L'y laissant, je vais à celles qui rampent dans la chambre. L'une est déjà en train de dévorer un des enfant de l'intérieur, étant passé par sa bouche. Un scolopendre pas plus gros qu'un serpent. Le petit corps tressaute sous le tortillement de la bête au niveau de son torse.
La mère hurle, tenant contre elle le dernier de ses enfants. En effet le second est au plafond, tenue contre le mur par une créature qui s'apprête à le dévorer, mais j'en prends le contrôle. Alors, méthodiquement, je lui arrache les bras comme on le ferait des pattes d'une mouches. La petite chose meurt à la première jambe arrachée. Qu'elle dommage. Arrachant de longues échardes d'une poutre, j'accroche mes morceaux au plafond pour reconstituer le corps démembré. En dessous, la mère est projetée au sol alors que deux bêtes se disputent violemment le corps du troisième petit. Il en manque un, mais je... m'égare.

Au dehors, je reprends conscience de la forêt. Quittant la possession de mes jouets, je regarde la ferme prendre feu. Le crépitement du bois, le hurlement de la mère... L'odeur de la fumée, de la chaire brûlée...

Une main saisit durement mon épaule, coupant court à mon sommeil. Tiré hors du lit, je lève un regard hagard sur le soldat qui me traîne hors de la mansarde. D'un geste brusque, il me jète au sol et je m'étale de tout mon long dans la rue. Le nez dans la poussière, je me relève lentement pour voir entre mes mèches de cheveux... ma mère. Cette femme à la peau glacée et au regard dangereux. Du haut de sa monture, elle me toise avec un mépris palpable. Ses soldats d'élites sont là, ayant rassemblés les villageois plus loin. La gorge sèche, je me relève et je me tiens devant elle. J'ai peur... j'ai tellement peur.

- Comme si la mort de ton inutile de sœur n'était pas assez contrariante... Il faut que tu deviennes insolent.

Sur un signe de ma mère, deux soldats m'attachent les mains dans le dos avec un foulard de soie puis me hisse sur une monture rattachée à la selle de la matriarche. Cette dernière, d'une pression des genoux, fit avancer la bête et commença à sortir du village. Regardant par dessus mon épaule, je vois avec horreur les soldats allumer des torches pour les lancer sur les toits faits de paille. En quelque secondes, le village était à feu. Poussant un cri étranglé, je me tais en voyant les hommes de ma mère commencer ensuite le véritable massacre.

- Mère... NON !!!
- Allons, Yshuan... ne me reproche pas une faute qui te reviens entièrement. Tu as fuis la résidence, tu es venu t'abriter ici et ils t'ont hébergé tout en sachant qui tu étais. Ils méritent la mort.
- Ils ne... savaient pas.
- Vraiment ? Quel gâchis dans ce cas. Yshuan... ce que tu es cruel en ton sens !

Partant d'un grand éclat de rire, elle fait accélérer le pas aux montures. Mon sang se glace quand je réalise toute l'horreur de la situation. Par ma faute, par ma lâcheté... des innocents sont morts. Comme avec Ysandre, mon comportement à coûté la vie. Me tortillant sur la selle, je ne peux m'empêcher de regarder les villageois se faire tuer les uns après les autres. Les flammes dévorant les maisons s'élèvent haut dans le ciel, éclairant la nuit. Les cris, le crépitement du bois... Puis porté par le vent, l'odeur du sang et de la chaire brûlée.

Une créature se penche subitement, reniflant le plancher près du corps de la mère. Quelque chose remue là-dessous... c'est excitant de savoir qu'une des proies tente de se cacher. Il glissa une griffe entre deux lattes de bois et commence à imposer un mouvement de levier pour faire sauter le plancher un à un. J'écarquille les yeux. La maison brûle toujours et le cri des villageois résonne dans ma tête. Me détournant vivement, j'arrête toutes mes Ombres et je m'éloigne de quelques pas. Le scolopendre suit le moindre de mes mouvements, attendant mes ordres. Le seul que j'ai à lui donner, c'est de me ramener.
Je ne tuerais pas l'enfant. Je... mon spectacle est fini. Je n'ai plus rien à faire ici. La bête hésite une seconde au dessus du parquet puis elle se redresse et va se dissoudre dans les ombres, retournant dans son monde, gorgée de chaire et de sang. Allongé sur le dos de ma créature, je fixe le ciel d'un œil morne tout en laissant les larmes rouler librement sur mes joues. Le Général se met à rire dans ma tête, me narguant et me félicitant pour toute cette macabre mise en scène. Mais ce soir, je ne suis pas content par ma pièce. Je n'avais personne pour m'acclamer, personne pour regarder la pièce se dérouler... c'était aussi gratuit qu'inutile. Un gâchis de temps et d'énergie.
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Anithia / Yshuan
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MessageSujet: Re: [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17)   [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17) Icon_minitimeVen 20 Mai 2011 - 14:23

(Un petit Up pour les plus curieux...)
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Anithia / Yshuan
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MessageSujet: Re: [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17)   [Background/Chroniques] Souvenirs éparses... (NC -17) Icon_minitimeMer 1 Juin 2011 - 19:00

J'arrive à l'orphelinat, aux pieds de marches menant au Lyceum. Je n'y suis allé qu'une fois, la veille même pour faire ma demande d'embauche. Je reste là, devant la porte à me demander ce que je fais ici. La Chrysalide m'a alpagué et elle m'a traîné ici, me cherchant un travail pour tester ma volonté. Elle a trouvé une branche à l'opposée de ce qu'Yshuan et le Général auraient pu accepter. Mais j'ai accepté, pour montrer ma détermination. Je ne compte pas abandonner, il faut continuer à avancer. J'inspire un grand coup avant d'ouvrir la porte et d'entrer. Passant un couloir qui débouche sur le réfectoire et les nombreuses salles d'études, je monte jusqu'au bureau de la Directrice, m'entretenant brièvement avec elle.

Les présentations sont faites avec le reste des employées, il n'y a que des femmes. Est-ce ma carrure androgyne et le fait que je porte un masque qui me permet de rester ? Mais quelle importance ? Je les suis alors qu'elles descendent à l'étage des dortoirs, réveillant les enfants en commençant par les plus jeunes : les plus longs à sortir du lit. Ensuite j'accompagne quelques surveillantes au réfectoire pour voir comment elles distribuent le repas et s'occupent des enfants. Immobile et attentif, je ne rate pas une miette de ce qu'il se passe. Les enfants en descendant me fixent tour à tour. Certains sont intrigués, d'autres ont peur et certains même manquent d'éclater en sanglot.

Loin de s'en inquiéter, la Directrice me pousse en avant en me demandant de me présenter. J'observe tout les enfants dont la majorité n'ont pas plus de 10 ans. Certainement que passé cet age, ils sont envoyés dans des écoles manuelles ou en formation auprès d'artisans... Je me souviens de ce qu'une jeune fille m'a dis, devant la taverne. Un sourire se dessine sur mes lèvres, le masque en place le dissimulant. Posant une main sur mon cœur, je m'incline théâtralement et j'énonce d'une voix claire et douce :

- « Vän de Fanelia, enchanté. J'ai été longtemps enfermé dans un livre de Conte fantastiques, à cause d'un sortilège lancé par un odieux Mage. J'en suis sortit il y a peu, grâce à la force d'une Princesse et j'erre désormais sur Atreia pour retrouver celui ou celle qui pourra briser définitivement le sort qui me lie encore à ce livre maudit. Veuillez prendre soin de moi, pendant le temps où je me reposerai au sein du Sanctum. »

Il y a un silence et je crains de n'avoir l'air soudainement ridicule. Je me redresse, observant chaque visage surpris ou septique, jusqu'à entendre des murmures puis un brouhaha remplir tout le réfectoire. Les petites filles me fixent avec de grands yeux émerveillés, les garçons semblent impatients de me poser tout un tas de questions alors qu'ils montrent du doigt l'orbe qui pulse à mon poing. La Directrice me sourit avant de taper dans ses mains pour appeler à l'ordre la horde d'enfants.

La journée se passe comme je m'y attendais : je n'interagis pas vraiment avec les enfants, les laissant s'habituer à moi, à prendre l'habitude de ma présence quelque peu originale et intimidante. Le masque doit vraiment y faire pour quelque chose. Pourtant, plusieurs surveillantes viennent m'avouer que les enfants posent énormément de questions et qu'elles alimentent volontiers cette histoire de livre et de Contes fantastiques. Je ne peux m'empêcher de sourire de plus belle, regrettant pour une des rares fois de ma vie, d'avoir ce masque sur le visage. Si je leur souriais, peut-être que les enfants m'apprécieraient davantage...

Perdu dans mes pensées, je n'entends pas arriver un groupe d'enfants. Ils s'agglutinent autour de moi et enfin une petite fille me tire par la manche du manteau. Sursautant, je baisse la tête vers elle tout aussi intimidé qu'eux. Je relève la tête mais je ne vois aucune surveillante. Se seraient-elles cachées pour me tester ? Fort probable.

- « Vän !!! Väaaan !!!
- Mh ?
- C'est l'heure de se coucher ! Braille une petite fille.
- Ah. D'accord. »

Il y a un silence et je sens se poser sur moi le regard de tous les enfants. Mal à l'aise, je m'efforce de rester imperturbable, comme d'habitude. Je remercie une fois de plus la présence du masque, me permettant de cacher mes expressions sans avoir à me forcer. Mais déjà une petite fille s'approche et lève ses grands yeux sur moi, tenant contre elle sa poupée de chiffon. Ses cheveux sales sont retenus en une tresse lâche qui laisse filer de nombreuses boucles brunes.

- « Mais voyons, Vän... il faut nous mettre au lit et nous raconter une histoire !!!
- Ah... »

Je lui prends finalement la main, faisant signe aux autres enfants de nous suivre. Nous grimpons les escaliers, le bois fatigué grinçant sous nos pieds. Atteignant l'étage des dortoirs, je laisse le plus gros de la troupe rejoindre les autres chambres. La Directrice m'a donné en charge les enfants de cinq à huit ans. Garçons et filles dorment encore dans la même chambre, composée de seulement six lits. A cet âge, ils sont encore rapidement adoptés par les familles plus aisées. Une fois tout les petits allongés et maladroitement bordés, je m'assois sur une chaise au milieu de la pièce et je réfléchis à l'histoire que je dois raconter.

Personne ne m'a jamais lu d'histoires, logique en un sens. Je n'ai que quatre ans d'existences, concrètement. Du coup, je me tourne vers une existence plus ancienne : en puisant dans les souvenirs d'Yshuan, je me rend compte que lui non plus, il n'a pas eut le droit à des histoires. Cependant, sa vie en elle-même pourrait constituer un Conte merveilleux. De plus, elle contiendrait suffisamment de morales pour que les petits s'instruisent en l'écoutant. Je reste encore silencieux, même si je les entends s'impatienter autour de moi. Finalement, je me redresse sur la chaise et le silence se fait.

- « Il était une fois, une princesse magnifique. Elle s'appelait Y'Shu. Elle avait de longs et magnifiques cheveux noirs. Ses yeux étaient d'une belle couleur noisette, reflétant sa douceur et sa timidité. Docile et de bonne compagnie, elle vivait sous le joug d'une terrible Reine. Le Roi était mort depuis de nombreuses années et le Royaume tout entier subissait la cruauté de la méchante Reine. »

Tous les enfants écoutaient attentivement, la couverture remontée jusqu'au nez et les peluches, poupées et doudous soigneusement serrés contre eux. Je continue l'histoire, essayant de trouver des mots simples.

- « Mais la Princesse aimait sa mère autant qu'elle en avait peur. Ne trouvant pas le courage de lui tenir tête, elle acceptait les caprices de la Reine, devenant une magnifique poupée aux robes étincelantes et aux coiffures aériennes. Sa beauté était célèbre dans tout le Royaume, mais aucun prétendant n'osait venir défier la Reine. Pour dire à quel point cette dernière était horrible, elle n'avait pas hésité à vendre le corps de son fils aîné, le laissant à de méchants mages contre leurs pouvoirs. Ivre de puissance, la Reine avait même marié son autre fille à un méchant, gros et vilain commerçant, pour avoir la main mise sur la Capitale du Royaume voisin !
- Vän, je l'aime pas cette Reine. Elle fait vraiment peur... Murmure une petite fille en se cachant aussitôt derrière sa peluche.
- Mais pourquoi fait-elle autant de mal à ses enfants ? Demande un garçon au visage mangé de tâches de rousseurs.
- Le Coeur de la Reine était absent, elle l'avait donné à de méchants esprits pour acquérir encore plus de puissance. Mais ces mêmes esprits hantaient le palais en espérant voler le cœur de la belle Y'Shu ! Répondis-je calmement, tournant la tête vers les enfants lorsqu'ils prenaient la parole.
- Non non !!! Ils n'ont pas le droit de faire ça... Couina une petite fille.
- Shhhut ! Laisse Vän continuer ! » Gronda une autre fillette.

J'attends que le calme revienne, puis je croise un instant les bras pour réfléchir à la suite de l'histoire. C'est une partie délicate et je ne veux pas faire trop peur aux enfants. Il y a une mort tragique à venir, après tout. Je penche la tête d'un côté puis de l'autre, avant de finalement trouver une métaphore pour expliquer :

- « La vie continuait tristement son chemin et la Princesse ne cessait de se sentir seule. Quand sa mère n'éprouvait pas le besoin de l'avoir à ses côtés, la belle Y'Shu était enfermée dans sa chambre, contemplant le passage des jours et des nuits sans pouvoir rien faire de son temps libre. Les ombres grandissaient tout autour d'elle alors que les Esprits qui hantaient le palais venaient sournoisement lui parler. Ils lui racontaient des mensonges, ils lui disaient qu'avec eux, elle ne serait plus jamais toute seule. La Princesse n'osait pas trop les écouter, elle en avait peur. Cependant... »

Je me tais et je regarde les enfants, ils sont tous suspendus à mes lèvres, buvant le conte que j'écris au fur et à mesure. Je suis content que ce ne soit que des enfants qui l'écoutent car je ne suis pas sur de vouloir que le Lion ou même les autres sachent pour la véritable histoire d'Yshuan. Le seul à n'avoir jamais été au courant d'un fait personnel, fut l'Ange... et il n'est plus là. Après ma pause dramatique, je reprends :

- « Cependant... il se passa un événement tragique qui bouleversa la vie de la pauvre Princesse captive. Cela se passa un jour spécial. Pour la première fois depuis longtemps, la sœur aînée d'Y'Shu revenait au palais en compagnie de son ignoble époux. Répondant au doux nom d'Ysandre, la ravissante jeune femme portait sur ses frêles épaules le poids de la tristesse et du désarrois. Les deux Princesses s'aimaient énormément, mais leurs retrouvailles furent terribles !
- Oh non !!! un garçon serra son ours en peluche jusqu'à l'asphyxie de ce dernier.
- Le gros et horrible marchand frappa une fois de trop la frêle Ysandre, lui arrachant toutes les larmes de son corps. N'ayant plus rien à pleurer, elle resta triste et désolée, le regard et le cœur asséchés. Y'shu, assistant à la scène, ne pu s'empêcher de rejoindre sa sœur pour la prendre dans ses bras. Elle voulu lui donner ses larmes, l'hydrater de son amour en pleurant à sa place, mais rien n'y fit. Ysandre était cassée, comme une poupée abandonnée... Les deux sœurs échangèrent un long regard avant que l'ainée n'embrasse tendrement sa cadette. S'en allant vers la fenêtre, Ysandre grimpa sur son rebord et observa le Royaume depuis la fenêtre de la grande tour. Le vent jouait dans les cheveux de la princesse, faisant s'envoler de sa coiffe un long ruban bleu. Y'Shu n'osait pas bouger, observant sa chère sœur dire adieux à tout... rendu muette par l'émotion. Puis Ysandre ferma les yeux et rejoignit son ruban bleu. »

Je me tais et j'observe les visage horrifiés et tristes des enfants. Je me lève lentement et je repose la chaise contre un mur. Des larmes noires brouillent ma vue. Même si ce souvenir n'est pas le mien, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver la même tristesse et douleur qu'Yshuan... Les enfants me demandent la suite, inquiets et impatients pour la princesse de mon Conte. Cependant, il est l'heure de se coucher et je leur promets de revenir la semaine suivante pour finir mon histoire. Ils se couchent bon gré mal grès et je ferma la porte du dortoir, un triste sourire aux lèvres.
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