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 [Chroniques] En quête de prophécies

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Souraj
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MessageSujet: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeJeu 24 Déc 2009 - 20:29

Archipel des îles de Siel, en Reshanta.


A puissants battements d'ailes, le Daeva gagne un éperon rocheux qui surgit de la falaise de pierre sombre. Il se pose dessus et avance vers la base, découvrant ce qu'il devinait se trouver là: à la naissance de l'écharde de rocaille une petite anfractuosité, un creux.

Sur les traits anguleux de l'homme – sourcils marqués, joues étroites, visage étrange – un sourire s'esquisse. Il tourne la tête et embrasse du regard le vide qui l'entoure où les vents abyssaux laissent des traînées colorées.
L'endroit est parfait. Ici, il devrait être en paix.

L'Élyséen joint les mains et relâche le pouvoir concentré en lui. L'une après l'autre, ses protections magiques tombent et s'évanouissent. La conscience de sa soudaine vulnérabilité le fait frissonner, mais il se sait ainsi plus discret. Il rejoint la paroi, se penche pour glisser dans la petite faille et s'y assied, s'y installe.
Il remue quelques instants, ajuste ses robes et trouve une position qui lui soit confortable, adossé à la pierre, à demi allongé.

D'une poche il tire son cube, en extrait son matériel et avec précaution l'étale devant lui: un bol de bois et un pilon, une petite fiole rouge-orangée, une brindille droite et creuse.
Enfin il extirpe en dernier d'une petite bourse de tissu un trésor qui lui a coûté cher, une petite gemme d'un blanc laiteux.

Avivés par une excitation nerveuse ses gestes sont secs, ses mains tremblent un peu. Il place le caillou – qui n'en est pas un, mais de l'Aether concentré, cristallisé et durci par les âges – dans son mortier. Débouchant la fiole il verse son contenu sur la gemme, une poussière rousse récoltée par ici, qui grésille et siffle en se déposant.
Il attend un peu, impatient, que la poussière ait fini son œuvre. Il sait qu'elle serait pour lui un poison violent.
Dehors, l'espace déformé gémit ses distorsions aberrantes sous les yeux sombres du sorcier qui les contemple.

Dans le bol la gemme d'Aether a retrouvé sa couleur pâle, mais désormais terne. L'homme s'empare du pilon et la broie alors, la réduit méticuleusement en poudre. Il ne cesse que lorsque les premiers fils d'Aether commencent à apparaître quand ses doigts frôlent de trop près sa préparation.
Le regard fiévreux il observe quelques instants son élixir, lutte contre la montée d'angoisse et de désir qui le traverse.
Il attrape son calepin, son crayon, et note:


Tentative n°1, Au jour dit de Solorius, au lieu dit de la chute du seigneur Daeva Siel, archipel des Abysses strate inférieure.

Afin d'obtenir par moi-même une réponse à de nombreuses questions qui me hantent, j'expérimente aujourd'hui une tentative pour me projeter directement dans le passé.
Les rêves troublants que je vis sans cesse de l'instant où l'étincelle divine m'a étreint m'ont conduit à supposer un lien fort entre nos rêves et notre Ascension.
Ainsi, j'établis l'hypothèse d'une accession possible entre notre nature et nos songes.
Ayant étudié avec attention les réactions des humains endormis à ma présence – troubles du sommeil, somnambulisme – je pose la thèse qu'il doit être envisageable d'accéder à nos rêves par le biais d'une intoxication assez forte à de l'Aether.
Pour ce faire, j'ai disposé à mon usage de la poudre d'une gemme d'Aether pure que je m'apprête à consommer.
De la transe consécutive à cette absorption j'espère parvenir à trouver le sommeil.
Je n'accorde nulle foi au hasard, et suppose donc la similitude entre les noms d'un de nos plus grands héros Devae et l'un des plus grands pans de pierre des Abysses voulue et ce à raison.
Si il est un lieu proche de la chute et de la disparition de Siel, c'est celui-ci. Or l'histoire nous enseigne qu'il a dissous son essence-même en Atreïa, empêchant notre monde de sombrer dans le néant suite à la destruction de la tour.
Donc, il n'est pas mort mais invisible, fragmenté, Aetheré.
Si, contrairement à certains, je n'accorde aucune foi en la persistance de sa conscience raisonnée, je suppose possible qu'une part de celle-ci soit encore accessible à qui saurait l'atteindre.
Je crois que Siel rêve encore, dans l'éternité de son sacrifice.
Je vais donc m'administrer une sur-dose d'Aether presque non raffiné, m'endormir en ce lieu que je soupçonne être ce qu'il a de plus proche d'une dépouille, et tenter de tomber dans ses rêves.

Je transcris ici mes intentions conscient des dangers de mon entreprise. Si la mort m'est désormais inaccessible, il se peut que mon corps ne survive pas à une telle absorption et que je disparaisse, piégé à jamais comme le fut mon ancêtre.
Si l'un de mes frères trouve jamais ces notes abandonnées là, qu'il les fasse parvenir à qui de droit, en notre capitale du Sanctum.

Souraj, Daeva sorcier.


L'homme repose son journal au sol, range son crayon.
Il s'empare du bol, enfonce la brindille creuse dans la poudre et de l'autre côté y applique une narine.
Prenant une longue et puissante inspiration, il s'envoie directement au cerveau tout l'Aether contenu dans son récipient.
Puis, cillant des paupières et le regard soudain un peu absent, il s'allonge lentement et ferme les yeux.


- Siel, j'arrive.


Dernière édition par Souraj le Ven 4 Mai 2012 - 15:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeLun 1 Fév 2010 - 22:12

Le soir tombait doucement sur la cité sainte. Il s'étendait sur les avenues, glissait contre les porches et venait se nicher dans les salons où des mains immortelles se tendaient vers les chandeliers.
Appuyé contre un balcon, l'homme contemplait l'ombre s'étendre sur le monde, si loin en bas, non sans une vague appréhension du vide. Il ramena ses yeux clairs vers la missive entre ses doigts.


Mon frère,

Je te présente mes plus sincères félicitations pour ton Ascension. Puisses-tu enfin gagner quelque estime à ses yeux.
Voilà trop d'années que nos chemins ne se sont croisés, et pour que nos liens familiaux n'entravent en aucune façon nos aspirations et responsabilités respectives, je juge mieux qu'il en demeure ainsi.
Aussi pardonne mon absence à ta cérémonie d'intronisation, et accepte les vœux d'un cadet lointain.

Bien à toi,

Souraj.

Une fois encore relue, il replie la lettre et ramène les yeux vers l'horizon, étouffant la bouffée de spleen qui le surprend un instant. Ses pensées rôdent, lui arrachant une grimace de dépit. La différence lui manque cruellement. L'indifférence aussi. Il en a si longtemps tiré force et colère, de n'être que l'humain de la petite famille. D'avoir eu un parcours discret, sans gloires et sans hauts faits, dans l'ombre éternelle des ailés. De savoir le frangin dans les nuages et lui les pieds verrouillés à terre. D'en garder le menton haut quand il passait par la demeure, sous les yeux de Mère.
Si longtemps trouvé une paix, une simplicité vulgaire et sobre, de la boue et des corvées. Des premières lignes, des mois à cicatriser un pauvre coup d'épée... De l'ale amère, des chansons paillardes et des filles qu'on paye.
Il ne se sent ni pur, ni grand, ni guindé.
Par dessus tout, et ses mâchoires se contractent lorsqu'il y repense, il déteste voir ressortir une éducation qu'il avait mis des années à oublier. Il exècre les quelques moments où, impressionné par le faste, la puissance et l'ordre, il s'est vraiment conduit en emplumé. Il ne voulait pas ça.
Derrière lui, on remue sous les draps.

- Lae ?

Un bruissement de plumes pour seule réponse. Au moins ça, c'est pratique.
Il compte bien continuer à nier longtemps l'idée saugrenue d'avoir des ailes dans le dos, sauf peut-être pour ces cas-là.
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeJeu 4 Fév 2010 - 22:31

Son monde est une mer d'écailles.

Elle pose le pied sur les dalles claires pour la première fois. Son regard fixe se lève vers les flèches des bâtiments, court sur les passerelles, jauge les gardes et gardiens.
La majesté des liens ne l'impressionne pas. Elle n'en éprouve pas plus de haine à les contempler.
Aucune curiosité. Pas même la solitude et l'abandon.
L'absence de ses maîtres, pour sa toute première fois.
Qu'importe. Elle sait son usage, elle sait son but.

Ses pas la mènent au Lyceum. Elle rencontre qui de droit. Elle répète son histoire construite de toutes pièces, d'une voix plutôt grave pour une frêle jeune femme.
Le petit hameau, les deux fermes.. L'hiver, l'attaque, les morts. Son ascension. Sa longue errance.
Invérifiable. Sa rencontre avec les caravanes, son chemin jusque là.
La belle histoire dont ses maîtres l'ont doté, avant qu'ils ne l'envoient.
Les lettres de recommandations et documents officiels des fous qui avant ceux qui la jugent désormais ont eu droit à ces fadaises et l'ont crue par défaut, pire que par bêtise : par foi.
L'étincelle divine ouvre toutes les portes. Ses maîtres le savaient bien. Ils l'ont préparée à ça.

Elle ne simule rien. Inutile, son visage ne reflète aucune expression, nulle émotion dans ces yeux et dans cette voix. Elle est égale et mesurée, froide mais révérencieuse. Elle sent dans son dos la lance accrochée pleine de crainte, de honte et de haine. Chargée d'angoisse et de gêne.
Elle sent son fiel, la soif qu'elle a du sang de ces Devae qui la jugent pareille à eux.
Elle sait que cela restera dans la lance.

Son monde à elle, est une mer d'écailles.
Ses maîtres l'ont bien choisie. Ils ne le regretteront pas.

La jeune femme reçoit titre et privilèges avec une sobre indifférence, remercie et salue. Elle prête serment aux Seraphim sans fourcher sa langue. Si il le pouvait, le fer de sa lance se tordrait de dégout, clamerait sa seule vraie allégeance. Rien ne filtre le tamis de ses émotions. Rien n'en ressort.

Lorsqu'elle quitte le Lyceum, les gardiens saluent cette nouvelle Daeva. Elle leur répond avec la plus totale sincérité. Dans son dos, l'arme vibre des courants d'émotions qui s'y forment, malveillance et terreur.

- Armes et foi.

Elle s'engage dans la cité. Bientôt son monde à elle aussi...
Bientôt une mer d'écailles.
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 9:41

L’homme est assis, perché sur une corniche. Il écrit, une plume à la main, sur une feuille de parchemin. La plume, c’est l’une des siennes. Il transmute distraitement son Aether en encre tandis que ses pensées en coulent, s’inscrivant d’elles-mêmes sur le support. Sa main ne bouge pas tandis qu’il rédige, s’étonnant à moitié de ce principe curieux mais si addictif qu’il vient lui-même d’écrire cette phrase échappée sur la feuille. Du coup, il biffe, se concentre et reprend.

Rapport d’études concernant la nature de la densité d’Aether présente en Reshanta, Abysses.

Après deux expérimentations préliminaires menées par le présent auteur de ce rapport et concernant l’existence d’un lien sympathique entre certains zones des Abysses et certains Devae y ayant laissant leur vie par le sacrifice de leur intégrité et la fusion de leur essence avec celle de la distorsion causée par la destruction de la Tour, plusieurs faits significatifs ont pu être relevés.

Le premier se base sur le nombre étonnant de fantômes et de spectres Devae, qu’ils soient Elyséens ou Asmodians présents dans certaines régions Abyssales, notamment les îles de Siel.
Leur existence, et leur rassemblement en ces lieux ont poussé l’auteur à chercher derrière cette migration post-mortem des raisons pouvant l’expliquer.
Il a mis à profit ses facultés pour tenter de déduire cette raison en se fondant sur l’hypothèse qu’une persistance de la conscience de l’un des plus grands Devae ayant foulé Atreïa pouvait expliquer cet afflux, et le nom attribué par les peuples à ces contrées Abyssales.
Si les manifestations étaient clairement insuffisantes pour lui permettre de supposer pouvoir espérer trouver autre chose que quelques vagues réminiscences de l’âme du Seigneur Empyréen, broyée qu’elle fut par sa noble fin, l’auteur a néanmoins émis le postulat qu’il pouvait persister dans l’Aether ambiant du lieu une résonance émotionnelle et onirique.
En termes concis, que les rêves du Seigneur Siel étaient encore inscrits dans l’essence de ces régions, telle une empreinte indélébile de son acte salvateur pour tous les peuples d’Atreïa.

Par plusieurs procédés alchimiques complexes, et une acclimatation progressive à la consommation d’Aether, l’auteur de ce rapport est parvenu à la capacité de supporter une intoxication assez massive de cette substance pour se plonger dans un état de transe à la frontière d’une dispersion de sa manifestation matérielle, évitant de justesse la mort de son corps biologique et le retour à une obélisque de rappel, pour affaiblir suffisamment la barrière séparant sa propre conscience de la résonance émise par l’environnement dans lequel il se trouvait alors, l’archipel des ailes de Siel.

Par deux fois - rature - l’auteur de ce rapport a été confronté durant cette transe à des visions, des faits et des évènements de très loin antérieurs à sa naissance.
Si durant le premier essai, il n’a pas eu loisir ni même tenté d’interagir avec les éléments composant le rêve - raturé et remplacé par - la résonance à laquelle il s’est retrouvé directement exposé, le second fut à cet égard plus concluant.
En effet, si durant son premier essai l’auteur de ce rapport - rature - s’est vu affecté par des émotions, des pensées, des ressentis et des souvenirs qui n’étaient pas les siens et contre lesquels il n’a pu lutté, - l’écriture jusqu’alors nerveuse et sèche s’allonge et se délie. Quelques lignes sont soigneusement raturées. Le Daeva inspire, focalise sa pensée. - il est parvenu durant sa seconde expérimentation à éviter cette fusion involontaire, cette immersion dans l’esprit - raturé et remplacé par - la résonance présente dans l’Archipel, ceci grâce à un dosage plus précis de la substance utilisée pour provoquer la transe, ainsi qu’une mise en condition mentale effectuée sur plusieurs semaines.
Il est ainsi parvenu à s’individualiser au sein même de la résonance, et à interagir avec elle.
Hélas, il semblerait que cet effort ait privé le corps de l’auteur de ce rapport - rature - de son esprit, durant un temps trop long pour permettre à sa chair de subsister. L’instabilité des flux d’Aether vers lesquels la conscience de l’auteur de ce rapport - rature - s’était projetée a empêché tout retour possible de ce dernier vers l’obélisque avec laquelle il s’était préalablement lié. Parvenir à rassembler suffisamment de son essence pour la concentrer vers un seul lieu et se manifester à nouveau sous une forme physique matérielle fut longue, exigeante et extrêmement risquée.

Il sera donc mis à l’étude une utilisation possible et envisageable d’un kisk comme ancre posée directement dans l’Archipel même lors de la prochaine étude, ceci avant de pouvoir poursuivre les recherches concernant la résonance laissée par la dispersion de l’essence du Seigneur Empyréen Siel dans le cadre de son glorieux sacrifice pour notre monde.

Souraj, Daeva Sorcier.

Il relève sa plume, l’abandonne au vent, et range soigneusement le parchemin dans le tube où les précédents dorment. Relevant les yeux qu’il cache désormais derrière des lunettes à verres fumés vers les pics déchirés et tranchants de l’Archipel, il surprend le vol fugitif d’un corbeau, au loin. Il ne goûte ni le sang versé, ni l’acharnement d’une traque, mais déjà sous ses doigts la magie grésille et croît, impérieuse maîtresse, drogue et bienfait. Il se redresse, avance dans le vide et appelle d’une pensée les deux grandes ailes blanches qui s’ouvrent dans son dos, prenant son vol vers l’adversaire aperçu.
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeMar 23 Fév 2010 - 17:58

Laegovaran resserre les attaches de son bouclier, le soudant à son bras. Il relève les yeux vers les arêtes déchirées de Siel, et la plaine de sable gris qui s’étend devant lui. Son poing ganté de cuir et de métal se crispe sur la poignée de la lame qu’il ramène lentement derrière lui. Son souffle s’échappe du heaume qu’il porte, il respire intensément, goûte cet instant si bref et pourtant si long qui précède l’engagement.

Derrière lui, la masse sombre de la forteresse.
A ses côtés, ses frères et sœurs d’armes, visages inconnus ou encore à peine familiers.
Devant, l’assaut.
Sinistres silhouettes de pointes, d’ergots et d’épines, les yeux rougeoyant entre les fentes des armets tels ceux d’une meute de loups enragés, les Asmodians chargent.

Des bribes de méthode lui traversent une dernière fois l’esprit. Il connaît son boulot, il sait son rôle. Le templier doit briller, se faire désirer et craindre.
Un pas en avant, une ultime inspiration et un bon appui. Ramassant en lui l’once de courage et de fierté qu’il cultive, il part d’un rire tonitruant, éclat de joie terrible, promesse de rage et de folie, et se rue vers l’opposant.
Déformant sa voix, il percute le premier adversaire venu en hurlant comme un possédé, cognant son faux frère avec une violence sonore qui résonne dans ses os, choquant du pavois sa cible qui titube un instant.
Il en profite aussitôt, relève son épée d’un mouvement fluide et létal qui vient frapper le heaume du combattant, la bascule pointe vers le bas et lui empale le pied, dans un fracas de métal et de chair percés.
Tuer n’est pas son rôle, il n’aime pas ça et ne compte même pas essayer. Mais un adversaire qui souffre se préoccupera toujours avant toute chose de lui, et pas d’un autre. Il encaisse la première riposte au bouclier, contre-attaque sur une large courbe et bloque les deux lames de l'Asmodian vers l’extérieur. Sans l’ombre d’une hésitation, il se propulse en avant et lui envoie un coup de boule ferré qui fait à nouveau trébucher ce dernier, le templier lui envoyant sur un nouvel hurlement de joie son genou armuré entre les cuisses.
Usant de la seconde gagnée, il tourne la pointe de sa lame vers l’un des adversaires qui désormais l’entourent de partout, la mêlée battant son plein, et concentre le peu d’aether qu’il sait manier en une chaîne de force, ramenant à lui un guerrier massif et sombre, bouclier au poing et masse d’armes en main. L’ambidextre saisit l’opportunité, lui porte ses premiers coups. La douleur n’est plus qu’une information brûlante, et la chaleur peut lui servir. Il se déchaîne, échangeant avec ses adversaires une volée de coups qui strient les armures, percent les chairs et font grogner les trois combattants.
Quelques instants plus tard, il est toujours debout sans savoir trop comment. Le sang macule son armure, son arme, coule sous les plaques de métal et imbibe le surcot qu’il porte dessous, déjà trempé de sueur. L’épéiste est tombé tantôt, sous une flèche décochée derrière lui, mais le prêtre qu’il affronte encore est d’un autre acabit. Les deux lutteurs s’empoignent, s’écharpent. La masse éclate des pièces de l’armure de l’Elyséen, qui trace dans les mailles de son ennemi des tranchées carmines.
Une ombre passe, derrière l’Asmodian qui gémit et tombe un genou en terre, les tendons d’une jambe proprement sectionnés. Laegovaran relève un instant le regard vers la lancière qui en les dépassant tourne brièvement la tête pour les toiser tous deux.

Le templier se fige sous le choc qu’il éprouve à cette vue. Surgissant du passé tel un spectre, un fantôme impossible, le visage de la gladiatrice l’extirpe net de sa transe guerrière.

- Impossible...
Il marmonne, soudain perdu, en proie à la plus terrible des angoisses qu’il ait connu. Sur son côté, le clerc se redresse et de tout l’élan qu’il peut trouver lui envoie sa masse d’arme entre les côtés. L’armure se plie, cède, se fend, perce sa chair et s’enfonce dedans sous la pression de l’arme qui met ses os en pièces. Ses côtes éclatent, lui empalent les entrailles. Il vole à terre, roule au sol et s’immobilise, inerte, son heaume arraché par la chute laissant son crâne percuter le sol. Il tousse, crache du sang tandis que son bourreau se détourne pour assaillir un mage un peu plus loin.

Un pied glisse sous son épaule, le retourne sur le dos sans ménagement, lui arrachant une plainte.
Elle se tient au dessus de lui, toute en armure et le visage à nu, une lance massive à la main, qu’elle fait tourner, pointe vers lui.
Son visage est un masque inerte, ses yeux froids et sans vie pourraient être ceux d’une morte.
A ce qu’il en croyait savoir, ce devrait être le cas.
Sa voix basse et grave pour celle d’une femme résonne aux oreilles du guerrier, à travers le fracas de la bataille, mécanique et glacée.

- Ta blessure est trop grave, ton corps se meurt. Retourne à ton obélisque.
Fasciné, terrifié, il lit dans le regard de la jeune femme son prochain acte, et rien de plus.
Lui qui pourtant se sait bon empathe, lève une main suppliante, implore d’une voix étranglée.

- Nor...
Il ne termine pas son mot. Elle rabat sa lance tel un jugement inéluctable, perce du fer ce qui reste de son plastron brisé et lui empale le cœur, le tuant net.
La nuit tombe sur lui.
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeMer 24 Mar 2010 - 4:05

Un frisson manque la parcourir. La lance l'absorbe aussitôt, vibre un peu sous ses mains. Elle relève les yeux, les porte sur le champ de bataille.
Partout où s'étendent ses yeux, dans les étendues sombres et lisses, au dessus des pics rocheux plus effilés que des aiguilles, on se bat.

Daeva affronte Daeva. Elle en conçoit une joie farouche, une pulsion de plaisir quasi-lascif que la lance dévore aussitôt. Il y a là un langage qu'elle comprend. Un jeu dont elle connait les règles. Un terrain familier.
L'arme se raidit sous ses doigts, dure et froide, impatiente. Elle jette un regard furtif à ceux qui l'ont traîné ici, en Siel, où le combat fait rage.
Leurs préparatifs achevés, bénédictions et mantras, ils se précipitent vers le front. Elle se glisse dans leur ombre et file dans leurs pas.
Sa course est leste. Chaque foulée l'aide à oublier le poids de l'armure sur ses membres, tandis qu'elle laisse le fer de sa lance en arrière, loin d'elle, la suivre en traçant quelques arabesques au sol. Elle dépasse des corps laissés en arrière, drapés dans leurs ailes comme pour cacher une honteuse défaite.
Son coeur s'est mis à battre plus vite, plus fort. Cette fichue pression toujours présente à son esprit, en permanence là comme un verrou, comme un barrage, depuis toujours, se fissure doucement.
Elle sait ce qui l'attend. La frustration de n'être qu'un mur masquant une folle tourmente, omniprésente et bouleversée, devine une mince et brève issue apparaître. Sa démence trouve un défouloir.

Elle plonge dans la mêlée telle une mourante vers la jouvence, à toutes jambes. Ses yeux repèrent la première silhouette plus sombre qu'ils trouvent, ses bras se verrouillent sur la hampe de sa lance. Elle bondit sus à l'ennemi.
Le temps se coagule.
Son mur s'effrite. Son masque tombe. Elle oublie enfin la souffrance conçue dans sa malédiction. Ici plus besoin d'exprimer par des expressions, des sourires ou des larmes. Ici, le visage est masqué mais les gestes parlent, les armes chantent.
Elle qui ne peut rire laisse sa lance tracer de béants sourires sur les gorges qu'elle trouve.
Elle ne pense plus. Elle relâche.
Les réflexes prennent le pas sur la conscience, les mouvements répétés mille et mille fois sous la menace du fouet, de la morsure. Elle croit encore entendre la langue bifide d'un maître siffler dans son dos, tandis qu'elle fait valser autour d'elle son unique forme d'expression.
Parade, assaut, feinte ou charge, chaque tactique de sa bataille est une catharsis à son mal.

Elle n'a rien de loyal. Elle en ignore même le concept, on ne l'a guère éduqué en ces valeurs.
C'est un serpent aigu et vif qui se glisse partout, s'infiltre et frappe, mime les esquives en face et se redresse pour déployer sa rage une fois dans le dos. Elle ne paye pas de mine et en joue bien.
Elle poursuit sa course à travers le chaos de la bataille et tranche les jarrets d'un grand Asmodian focalisé sur l'Elyséen qui lui fait face, lançant derrière elle un coup d'oeil rapide pour s'assurer qu'il tombe et que son allié l'achève.

La curiosité perce le nuage de bien-être enragé dans lequel elle gite, lorsqu'elle voit le templier à qui elle venait d'offrir une victoire si aisée se raidir, oublier l'adversaire à terre. Celui-ci se redresse et perfore d'un coup de masse l'étourdi qui s'écrase au sol, avant de s'en aller se perdre dans le fracas des armes. Intriguée, elle s'approche du vaincu, la lance poursuivant son murmure de positions et d'errances au bout de ses bras.

Le casque a roulé plus loin. Il est tête nu, et la contemple avec horreur.
La lance vibre doucement entre ses mains. Son visage a quelque chose de familier. Il rappelle des impressions diffuses, des souvenirs enfermés, perdus ou enterrés. Une peur soudaine, irrationnelle et ancienne l'entoure de ses bras glacés. Elle n'en montre rien, mais la lance parle pour elle ici, et n'aspire qu'à hurler.
Elle n'hésite pas cette fois, le regarde et l'avertit. Ses maîtres lui ont expliqué quelles excuses se trouver dans des cas comme celui-ci.

- Ta blessure est trop grave. Ton corps se meurt. Retourne à ton obélisque.
Il tente de répondre. Elle lit dans ses yeux gris qui ne lui évoquent qu'un maelström d'émotions brutales le nom qu'il va lui donner.
- Nor...
Elle veut hurler. La lance s'en charge, l'empale.
La jeune femme verrouille son appui, éventre son frère aîné et replonge dans le tourment qui l'entoure, pour continuer à faire naître des plaies.
S'exprimer, encore.
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MessageSujet: Re: [Chroniques] En quête de prophécies   [Chroniques] En quête de prophécies Icon_minitimeSam 18 Juin 2011 - 4:56

- Après des mois de recherches, d'expériences et d'ouvrage, j'étais enfin prêt.

Le mage, avec une attention minutieuse, prépare une cigarette. Il tasse fermement son tabac, et le fait rouler des doigts entre les pans de la fine feuille. Comme de coutume, ses mains tremblent, légèrement.

Je me rendis là où tout ce à quoi j'aspirais semblait possible. Loin, au-dessus de moi, je sentais faire rage une bataille, aux portes des forteresses. Une fois sur place, je m'assurais du dosage, déjà testé, réfléchi, éprouvé, et me l'administrais. L'alchimie ouvre toutes les portes, pour peu qu'on y sache forger la bonne clé.
Je m'installais donc, et invitais le sommeil à venir. Et avec lui, le rêve.
Faire fi de soi-même, des songes vers lesquels on s'apprête à plonger, est un effort que je n'avais pas imaginé si colossal. Je savais ce que je cherchais. L'autre rêve. Celui qui n'était pas le mien, mais l'écho d'un passé lointain, d'une magie qui avait scellé le monde. J'arpentais longtemps des paysages qui étaient m'étaient propres. Je croisais, et dépassais mes chimères.
L'esprit est chose traître. L'imagination plus encore. Pourtant, je finis par épuiser la mienne. Immergé dans mes souvenirs, dans mes espoirs, j'économisais à grand mal la part de conscience qui avait un objectif, ici-bas, pour parvenir à me tourner vers ce qui n'était plus moi.

Tomber est la sensation la plus claire qu'il me demeure. Les songes déforment et masquent la nature des choses, l'entourent d'un manteau d'illusions. Mais cet instant bref, où je sentis mon pas s'avancer dans le vide, comme suspendu, avant de choir sur un sol autre, reste la description la plus fidèle que je saurais en faire.
Et j'y étais.
Encore aujourd'hui, je ne peux trouver quelque repos sans que cette première vision ne revienne me hanter, ironie cruelle de ce qui fut, et de ce que j'osais.
Contempler la Tour dans sa gloire.
Les mots n'ont guère la capacité de rendre cette image d'un temps révolu, les miens en tout cas, aussi me contenterais-je d'un récit plus cynique. J'avais trouvé l'écho, j'avais pénétré cette résonance, ces lambeaux de celle qu'Elle éprouva, en scellant notre monde. J'affrontais sa dernière vision.
Et je vis les élus et les dragons se dresser soudain, là-bas. Et je vis la guerre s'y déchaîner. Et je vis la Tour se briser. Alors, tandis que j'assistais à ce souvenir enfoui dans la mémoire d'Atréia, je pris la mesure de mon impuissance, comme du devoir qui m'était dévolu, qui nous est dévolu.
Je ne saurais me défaire de cette part-là, le voudrais-je même, aussi ne figure-t-elle pas dans l'Archive. Ce monologue seul en sera témoin.

Le rêve fut long, et ce n'était pas le mien. Je le traversais plus d'une fois, y apprenant à interagir et supporter le contact avec une autre psyché que la mienne, d'une façon qui - je le sais, à présent - ne fut pas sans conséquences. J'en oubliais qui j'étais, ce que j'étais. Pourquoi j'étais là. Ma personnalité s'effaçait, devant Sa réminiscence. Devant l'écho de sa présence. Elle imprègne encore chacune de mes pensées, longtemps après.
Peu à peu pourtant, à force de lutte, j'y cherchais ce à quoi j'aspirais. Lentement, mon objectif remontait à la surface, et je me mettais à fouiller chaque scène, chaque évènement de ce terrible jour à la recherche de ce qui pourrait y être changé.

Les rêves sont matière libre, qui se modèle et se sculpte avec une facilité si déconcertante qu'elle en échappe généralement à notre contrôle. Mon espoir, mon projet, était le suivant :
Si cette résonance, plus proche et plus sensible à l'endroit où je m'étais endormi, n'était que l'aspect sensible, la composante psychique du sceau qui gardait une Atréia, y accéder signifierait toucher ce sceau. Y parvenir.
Or, en posant l'hypothèse d'une relation entre une possible détérioration de ce sceau et la croissance inexorable des Abysses, rongeant nos deux mondes avec une lenteur sûre, accéder à cet écho, approcher cette magie ancienne et si diffuse, si pure qu'elle n'était perceptible que dans le simple fait que nous soyons encore signifiait pouvoir l'étudier. Prouver peut-être un lien de cause à effet, découvrir son pourquoi, et y chercher comment y remédier.
Réparer. Colmater la brèche vers le néant, la plaie qui nous sépare d'Asmodae chaque jour un peu davantage.
Aussi, je commençais mon étude, tant bien que mal et faisant difficilement fi de l'affect sur ma propre personne.

Hélas, et je ne sus m'en apercevoir qu'ensuite, je n'étais pas assez fort. Chaque instant où je demeurais là, où je tendais mon esprit vers tout cela, ouvrait grand des portes à travers lesquelles s'engouffrait les débris éparses d'une pensée, d'une entité dépassant tout ce que je pouvais être, et de trop loin. Peu à peu, je me sentais me dissoudre, disparaître dans cette boucle tragique qui par sa résurgence, par son éternelle triste fin, tirait la force de garder uni ce qui était brisé.

Ironiquement, et j'en éprouve toujours quelque amertume, ce ne fut pas ma foi, ou ma volonté, qui me sauva. Non, ce fut ce qu'il y avait de pire, de plus terrible en moi. La culpabilité. Le crime.
Me sentant disparaître, quelque chose dont je n'avais, malgré mes efforts, jamais pu me défaire, se cabra. Quelque chose qui m'était unique, qui m'était si violemment personnel que je ne pouvais m'éteindre sans un dernier soubresaut de cela.
Je jetais un regard en arrière, par dessus mon épaule, pour la regarder finir de se consumer, s'échouer au sol dans un crépitement sinistre de chair calcinée, avec cette horreur totale et absolue qui était mienne, et ne savait être partagée. Mon lien avec la résonance, et avec lui ma conscience trop impliquée, déjà moitié mienne et moitié là-bas, se brisèrent net. Je sombrais.

Ce fut le Cénacle qui, pour la première fois, vint à mon secours. Vint me chercher. Ce fut elle, et je la regardais en m'éveillant, encore pour bonne part imprégné de pensées qui ne m'appartenaient pas vraiment, comme jamais ne l'avais auparavant fait. Il faudra m'excuser la pauvreté de détails quant à cet improbable sauvetage, mais que je puisse inspirer à autrui un tel acte n'a cessé et ne cesse de me rappeler à une saine humilité. La méthode dont ils usèrent pour me retrouver, pour me ramener, demeure à mon souvenir tellement floue que je ne saurais la préciser ici, amoindri que j'étais. Ainsi prit fin, contrainte et forcée, ma première tentative de changer le visage du destin qui est le nôtre. Ma profession de foi.

Il relâche un souffle court, teinté des émotions qui l'ont traversé au fil des mots.

Souraj, projet Siel, troisième tentative. Conserver dans l'Archive.
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