[Background]Sharidar, Légions et Artefacts

Chapitre I : Naissance

Dans ce monde, il n'y a pas de place pour la compassion, nous vivons dans une période de guerre qui ne possède pas de fin et ou les chapitres sanglants se succèdent à mesure que les corps sans vie de nos frères caressent le sol déjà maculé de ce liquide vermeil. Nos ennemis sont nombreux, vicieux parfois, ils se montrent si cruels que nous avons peur, une peur viscérale, celle de perdre des êtres chers à nos yeux, à notre cœur.

C'est ça la guerre.

Une sordide lutte contre des ennemis qui ne comprennent pas le sens du mot paix. C'est pour cela que certaines Légions naissent, pour aller combattre et mourir, la fin la plus noble parfois. La Légion Pourpre fût créée dans ce but, par deux jeunes combattants prometteurs d'Elyséa. Elle fût témoins de nombreuses batailles, de nombreuses victoires mais aussi de nombreuses pertes.

Avant de s'éteindre, cette Légion vécu un heureux événement. La naissance du fils des deux dirigeants, Ezeckiell. Devant tant de violence dans ce monde, l'enfant fût confié à un homme de valeur un homme fort et brave qui était destiné à le protéger et le veiller quoi qu'il arrive jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de la maturité.

Agasio s'occupa d'Ezeckiell comme un père sur son fils tout en gérant l'intendance de la Légion Pourpre. Et puis un jour l'armée Pourpre s'éteignit en même temps que ses dirigeants...

La guerre eut raison d'eux et Agasio confia l'enfant à un nouveau corps d'armé afin de l'entrainer.

Le temps passa et le jeune Ezeckiell se perfectionna dans l'art de l'assassinat il devint très vite commandant d'une petite armée en partance pour les Abysses, champs de bataille aux dangers mortels. Il disparu sans laisser de trace, et sa mémoire ne fût qu'un bref et lointain souvenir...

C'est après plusieurs années de recherches que l'ancien Intendant de la Légion Pourpre retrouva la trace du jeune enfant à présent devenu un adulte fort et confiant.

Dorénavant le destin d'Ezeckiell est de reprendre les reines de la Légion Pourpre et continuer le rêve de ses parents...Mettre un terme à la guerre pour vivre dans un monde en paix quelque soit les sacrifices.

Garnison de la Légion Pourpre – Tard dans la nuit.

La lueur de l’astre nocturne baignait de sa lumière faiblarde la grande bâtisse flottante sur son rocher, errant dans un ciel dégagé et calme. Pas de lumière aux différents vitraux des chambres, c’est l’heure du repos bien mérité pour chaque soldat de la Légion.

Comme d’habitude, une flamme danse dans le bureau du commandant, elle danse si bien qu’elle semble animée d’une certaine humanité qui la rend attachante presque séduisante si son contact n’était pas si dangereux. Elle éclaire une main posée sur un vélin aux armoiries de la Légion ainsi qu’une plume couchant des mots.

"Bien il ne me reste plus qu’à écrire ce petit texte et j’aurais la toutes les informations nécessaires pour parfaire ma maitrise en alchimie. Ce recueil sera le mien, la ou j’écrirais toutes les recettes que je trouverais dans mon apprentissage."

Satisfait de ses écrits, Ezeckiell prit un second ouvrage qu’il déposa devant lui en poussant le précédent d’un geste mou. La tranche du livre indiqué clairement le sujet, les plantes et les potions associées. Certes le centre de soins avait un stock suffisant en potions, baumes et pierre cicatrisantes mais cela ne lui suffisait, il voulait prévoir plus en cas d’attaque surprise et massive.

Malgré sa position stratégie, l’île flottante, en cas de riposte ennemie serait le premier endroit frappé et donc par déduction le lieu où il y aurait le plus de blessés graves. Même avec la présence de tout les Médicis, les soins ne sauraient être assez rapides pour essuyer une seconde attaque à la suite.

Agasio avait fait construire une petite réserve dans son propre bureau ainsi que dans celui du commandant afin d’y placer plusieurs potions et soins de premières nécessité. Ezeckiell lui avait aussi fortement conseillé d’en placer dans chaque chambre du moins dans les tiroirs de chaque commode pour avoir de quoi guérir les blessures n’ importe où et surtout rapidement.

Le second ouvrage se referma dans un bruit sourd. Le commandant s’étira de tout son long poussant un léger bâillement, signe d’une certaine fatigue. Mais il n’alla pas se coucher. Il poussa la porte de son bureau et prit la direction de la bibliothèque afin d’y prendre un nouveau livre.

Sa main se posa avec une certaine énergie sur la poignée de la porte donnant sur le couloir. Susaku et Midamal étaient de part et d'autre, montant la garde comme chaque soir ou le Commandant en avait besoin. il les salua en souriant puis annonça sa destination en leurs demandant de veiller à son bureau.

La bibliothèque était circulaire, monté sur deux étages et haute comme trente Shugos les uns sur les autres. Pas de bazar ici, chaque livre était à sa place. Ses doigts glissèrent sur les reliures puis sa main s’arrêta sur la tranche d’un épais ouvrage vert foncé. Sans titre mais recouvert d’une légère couche de poussière.

"Le voila ! L’herbier d’Agasio ! Étonnant qu’il ne soit pas dans son bureau…"

Après cette trouvaille, Ezeckiell sortit de la bibliothèque avec l'ouvrage convoité. Arrivé à son vaste bureau il salua une nouvelle fois ses gardes du corps et s'enferma à clef afin de ne pas être dérangé.

Pendant ce temps en dehors du bastion, la sentinelle chargé d'alerter la garnison en cas d'attaque avait les yeux rivés sur l'horizon brumeux. Elle était proche d'une grosse cloche et avait à sa disposition des canons et un râteliers d'armes impressionnant. Mais comme toutes les nuits, rien ne pointé au loin. La pauvre sentinelle ferma les yeux un instant quand une vive douleur lui déchira la poitrine. Surprise elle resta un moment les yeux clos et les rouvrit bien vite quand elle entendit siffler le second projectile.

Au loin une ligne d'ailes noires, il fallait donner l'alerte mais une second douleur lui arracha un soupire, une autre flèche transperça le mollet de la sentinelle qui n'eut pas le temps d'émettre le moindre cris quand une troisième vint se planter en travers de sa gorge.

L'archer Asmodien fit un signe à ses camarades et en quelques secondes le bastion fût cerné, silencieusement, sans une alerte, la Légion Pourpre allait connaitre une nuit des plus longues.

Personne ne peut vraiment prévoir à l’avance quand une chose s’arrêtera de tourner, de voler, de flotter ou parfois de vivre. La vie est une sorte d’énigme à elle seule et nous ne pouvons savoir à l’avance quel en sera le résultat final.

Chaque chose à une fin et pour cela il y a obligatoirement un commencement logique. De cette base ci nous pouvons donc en conclure que la vie est une suite qui suit un chemin presque linéaire et parfois elle emprunte une voie que personne n’avait soupçonné jusque la…

La garnison flottait fièrement dans le ciel bleu d’Atréia, une imposante bâtisse sur un rocher aussi grand que l’enceinte de la maison militaire. Chacun avait ses habitudes, son petit tour à effectuer, ses occupations diverses, fourmilière géante dans les mains d’Aion.

Chaque race avait sa fonction dans la légion, les humains s’occupaient de l’ordre et de la surveillance, les daevas eux étaient plutôt utile sur le front et la protection des villes comme Sanctum. Les shugos eux, avaient plusieurs tâches bien précises comme l’espionnage, la traque ou encore la cuisine ou la distribution du courrier et même la satisfaction des membres en leurs offrant les choses courantes de la vie comme de l’eau chaude ou un nouveau cube.

Imaginons un instant que la vie décide de semer le chaos dans cette mécanique bien rodé, que le calme laisse place à la panique, que les hurlements déchirent le silence. Pour l’instant, celle-ci semble hésiter mais néanmoins deux personnes vont essayer de la contrer au mieux…


- Bureau du Commandant Ezeckiell Sharidar, en plein journée -

"Agasio est-ce bien vrai ? La garnison perd de l'altitude ?"

"J'ai bien peur que oui mon Commandant, depuis quelques temps les gardes qui patrouillent sur les bords du rocher disent que nous sombrons vers la terre ferme lentement. J'ai par ailleurs voulu constater par mes propres yeux et je peux affirmer avec certitude que le rocher entame une descente vers les dessous de Sanctum."

"As-tu vérifié l'artefact ?"

"C'est la première chose que j'ai vérifié. Rien d'anormal, il semble ne pas être en activité et sa consommation d'ether est nul à vrai dire. Dois-je vous rappeler que seul le porteur du médaillon de votre famille peut l'activer ?"

"Oui j'avais omis ce détail. Comment être sûr que l'artefact n'est pas en activité ? "

"Si ce dernier l'était, la garnison aurait déjà explosé..."

"L'artefact est une bombe ?"

"En quelque sorte Commandant, Sanctum à doté ce rocher de cette artefact afin de l'utiliser comme dernier recours si la capitale venait à tomber entre les mains des Asmodiens, votre mère avait honte de le protéger, mais elle fut forcé à le faire, au vu de la pression des hautes instances. Votre père a essayé de s'opposer à cela mais en vain."

"Donc pour s'assurer de la protection de la ville, le haut conseil à donc doté l'œuvre de mes parents avec un dispositif de dernier recours..."

"Oui mais en contre partie la famille Sharidar avait droit à une somme conséquente pour assurer la défense de la ville et de la garnison. D'où votre héritage indéfini."

"Si la garnison touche le sol que se passera t'il ?"

"L'artefact au centre du rocher risque d'exploser sans même l'avoir activé. D'après les calculs de nos érudits, la vitesse accumulée par la descente de la garnison serait trop importante pour que l'artefact reste en place. Le choc serait trop important et déclencherait une explosion qui ferait voler en éclat le rocher. Le point positif c'est que Sanctum ne serait pas touché et si notre point d'impact reste le même nous ne ferons pas de dégâts humains vu que nous serons dans une zone non habitée."

"C'est bon à savoir mais...Combien de temps nous reste t'il avant de heurter le sol ?"

"Environs cinq jours mon Commandant. Devons nous prévenir la légion entière ?"

"Question délicate Agasio, il ne faudrait pas déclencher un mouvement de panique au risque de faire plus de dégâts."

"C'est évident Commandant, vous avez une proposition à faire ?"

"Je suggère de faire un petit exercice d'évacuation afin de faire passer cela en douceur, par ce moyen nous pourrons évacuer les Shugos et les Humains résidant sur le rocher et les Daevas restant pourront eux, voler à Sanctum en dernier. Mais..."

"Oui, nous ne pouvons pas prévoir la réaction de chacun..."

"Surtout celle d'Ylenwe, je crains qu'elle ne veuille pas quitter le rocher quand le moment sera venu...du moins sans moi."

Après quelques débats sur qui serait prêt à suivre Agasio et qui ne le voudrait pas, le Commandant avait convenu d'annoncer à toute la garnison qu'un exercice de type évacuation serait mis en place afin de voir la réactivité de chacun.

Maintenant il suffisait de savoir dans combien de temps le rocher allait embrasser le sol, Certains disaient moins de deux jours, d'autres plus personne ne savait exactement.

Après avoir imaginé toute les possibilités du choc avec la terre ferme, Ezeckiell prit la direction de la salle de l'artefact, une pièce inconnu de la garnison entière et qu'il avait vu pour la première fois il y a quelques jours, du moins Agasio lui en avait parlé brièvement. Oui l'artefact était un vraie malédiction pour lui et cela ne l'enchantait pas vraiment de garder un tel objet au sein de sa maison.

Le Souffle d'Aion, c'est comme ça que ses parents l'avaient nommé, un objet pouvant souffler dans une explosion d'une puissance extrême, une armée entière ne laissant que cadavres et désolation sur un large périmètre.

Arrivé devant la porte scellé par la magie, le médaillon se mit à émettre une légère vibration, il répondait à l'artefact comme un écho. Sans aucun doute, il était là, juste derrière.

Il déposa sa main sur la porte, elle s'ouvrit lentement reconnaissant la marque de l'héritier. La sphère bleue flottait entouré de trois anneaux, comme une barrière, Elle n'était pas grosse, de la taille d'une paume humaine, voir légèrement plus grande. Les anneaux eux, décrivaient de petits mouvements autour de la boule lumineuse à un rythme régulier.

Pas de trouble de l'éther, l'objet semblait normal.

"Je ferais mieux de préparer l'évacuation au plus vite et dans le calme, je vais faire passer le message, j'espère qu'ils comprendront que ce n'est qu'un exercice de routine et qu'ils ne verront pas mon inquiétude..."

Il se dirigea vers son bureau et s'approcha d'une pierre de mana légèrement plus grosse que celles données aux membres de la Légion, une sorte de pierre amplifiée. Il inspira profondément afin de s'assurer de parler le plus calmement possible.

"Membres de la Légion Pourpre, c'est votre Commandant qui vous parle, nous allons dès aujourd'hui commencer un exercice pour savoir combien de temps il nous faut pour évacuer la garnison dans le calme et sans panique. Cela dans le cas ou nous aurions à subir une attaque de grande envergure."

Il eut un léger moment de silence puis le Commandant reprit.

"Nous commencerons par évacuer les simples Humains et les Shugos, les Daevas, eux, quitteront la garnison en dernier et moi je partirais une fois que tout le monde sera à Sanctum, le point de ralliement étant sur les quais, proche du téléporteur. Je rappelle à tous que ceci n'est qu'un exercice et que la panique n'est pas nécessaire. Cela prendras deux jours pour le faire et nous le ferons dans le plus grand calme"

La voix du Commandant s'éteignit doucement et Agasio commença l'évacuation des membres de la Légion à peine le message passé. Il agissait avec calme rassurant les curieux et félicitant presque toutes les personnes se dirigeant vers le grand téléporteur du rocher.

Personne ne semblait penser un instant que la garnison sombrait de plus en plus.

Le premier jour s'acheva calmement et pour l'instant la garnison flottait toujours aux grès du vent, Agasio fît un rapport court et précis au Commandant.

"L'évacuation des Humains et des Shugos vient de se terminer, personne ne semble poser de questions et tous pensent avoir exécuté un exercice de routine."

"Très bien Agasio. Il ne reste plus que nous, les Daevas"

"Cela semble vous poser problème Commandant."

"Nous avons un prisonnier aussi et je me demandais si nous devions le laisser dans sa geôle ou bien le faire sortir."

"Dois-je vous rappeler qu'il a failli vous tuer Commandant ?"

"Ce n'est pas nécessaire Agasio mais devons nous le sacrifier et le laisser se débrouiller seul ?"

"Voyez vous une autre solution ? Aimeriez vous le relâcher et qu'il avertisse ses compagnons que nous sommes vulnérable ? Que nous ne sommes mêmes pas à effectif complet ?"

"...C'est...Vrai tu as raison, laissons Aion décider de son sort et espérons qu'il s'en sorte avec quelques écorchures"

"Oui"

A peine visible, sur les murs de la garnison, quelques fissures commence à se frayer un chemin fragilisant les structures.

"Quand allons nous évacuer Commandant ?"

"Demain en fin de matinée pour vous, moi je partirais en dernier et je vais m'assurer de la non dangerosité de l'artefact. Si je peux l'emporter avec moi je le ferais comme ça cela évitera que la garnison explose dans un souffle dévasteur et que la faune et la flore soit menacé."

"Si c'est votre souhait Commandant"

"Oui, tu peux disposer à présent."

Agasio quitta la pièce comme à son habitude, silencieusement. Il laissa dans le bureau, son Commandant emprunt à de nombreuses questions. Ou allaient ils aller ensuite ? Comment rebâtir une garnison et ou ? Ce n'était pas en contemplant l'horizon qu'une réponse allait lui parvenir et après avoir vu la lumière du jour s'éteindre, Ezeckiell prit la décision d'aller se coucher avec Ylenwe.

- Au petit matin, à la garnison -

Le Commandant se leva tôt, très tôt, peut être trop, car la vision que lui donnait la fenêtre de ses quartiers le faisait trembler. Le rocher avait chuter dans la nuit, et au lieu d'être dans les cieux, il faisait du rase motte au dessus des cimes des arbres. La situation devenait pressante, en hâte il prit sa pierre et lança un message dans toute la garnison.

"Avis à tout les Daevas présent dans la garnison ! Evacuation immédiate ! Je répète, évacuation immédiate par les voies aériennes ! Ceci n'est pas un exercice! La garnison va heurter le sol !"

Il enfila les quelques vêtements qui trainait sur un fauteuil, modestement posé en hâte surement à cause d'une nuit mouvementée avec Ylenwe. Sans ralentir il réveilla sa promise et lui expliqua aussi clairement que possible la situation.

"Ylenwe lève toi et ne pose pas de question, je veux que tu évacues la garnison immédiatement avec les autres, le rocher va sous peu, heurter le sol et nous risquons de déclencher l'artefact par la même occasion. Je dois prendre l'artefact avec moi et je partirai juste après vous alors je t'en prie pour moi et nos enfants file en vitesse et attend moi sur les quais de Sanctum, c'est notre point de ralliement à tous. Je t'en prie..."

“Hors de question que je parte sans toi tu m’entends ?! Je viens avec toi…Je ne veux pas te perdre une seconde fois..si cela se produit qu’es ce que je dirai à nos enfants ! Pas question je reste avec toi !”

Il déposa un baiser sur ses lèvres et se mit en route vers la salle de l'artefact, espérant qu'Ylenwe rejoindrait les autres. L'objet était là, toujours pas activé mais un seul choc suffirait à le rendre instable. Il le prit et le glissa dans son cube avec soin.

Une première secousse se fît sentir, de faible amplitude mais assez pour faire chavirer.

Pendant ce temps dans la prison, un asmodien riait aux éclats, la chance avait tourné pour lui, la garnison sombrait et avec elle surement son dirigeant, ironie du sort, il avait raté son contrat mais le hasard venait de l'honorer, du moins il était en train.

Son rire se fit moins bruyant quand il vit dans la pénombre un homme, grisonnant, Agasio se tenait en face de lui, il fixait l'aile noire à travers les barreaux.

"Je pense que je vais regretter mon geste mais je pense ne pas avoir le choix. Tu es l'asmodien qui va surement de par ta menace ramener les souvenirs de notre héritier"

"Je ne comprends pas."

"Je vais te libérer et te laisser partir à une condition."

"Je n'accepte pas les conditions !"

"Alors meurs ici et contemple ton échec."

"Attends ! Quelles sont tes conditions ?"

"C'est très simple, je vais te libérer de tes fers. Juste après ce couloir tu trouveras une réserves d'armes il y a juste de quoi de défendre rien de bien transcendant, deux dagues dans un état correcte, tu les prendras en sortant. Pendant ce temps, mon Commandant va vérifier que personne ne se trouve encore dans la garnison, pour lui tu seras sans doute déjà mort. Assure toi qu'il te remarque et entraine le dehors avant que la garnison s'écrase"

Une nouvelle secousse plus forte se faisait à nouveau ressentir. Agasio ne broncha pas, gardant sa stabilité et son calme froid.

"Une fois dehors il te suffira de lui parler dans la langue des anciens, avant il pouvait le comprendre, par ce moyen j'espère qu'il retrouva une partie de sa mémoire. Essaye de mettre sa vie en danger mais ne le blesse par mortellement. Voila mes conditions pour gagner ta liberté"

"Hum et si je m'enfuis au lieu de réaliser votre plan ?"

"Tu n'auras pas le temps de t'enfuir que tu auras à tes trousses le reste des Daevas de la garnison."

"Comment je saurais que votre héritier retrouvera la mémoire ?"

"C'est simple, il adoptera une certaine position transmise de génération en génération et ses attaques seront plus rapides et précises."

"Soit je meurs dans cette geôle ou soit je meurs par votre héritier, excusez moi mais les deux alternatives ne donnent pas chère de ma peau"

"A toi de choisir"

"Et..."

"N'y pense même pas, l'artefact ne tombera pas entre tes mains si c'est ce que tu voulais demander"

"..."

"Je te laisse décider de la façon dont tu souhaite mourir, remercie Aion"

Sur ces dernières paroles, Agasio balança une clé aux pieds de l'asmodien lui laissant le choix et la façon de trouver le repos. La troisième secousse était en train de fissurer et lézarder les murs, elle les éventraient à certain endroit, les réduisaient en poussières ailleurs. La garnison ne pouvait plus panser ses blessures et le temps commençait à l'achever lentement.

Le Commandant espérait vivement que plus personne ne se trouvait dans ces lieux avec l’espoir de pouvoir quitter le rocher aussi vite que possible mais il devait faire une dernière chose, surement pas la plus importante mais il y mettait un point d’honneur. Décrocher le portrait de ses parents et emporter la toile avec lui, un souvenir qu’il ne pouvait laisser s’oublier dans la poussière.

A quelques centaine de mètres de lui, un asmodien reprenait dans ses mains les armes que la Légion lui avait emprunté et consigné. Il ne restait plus qu’à retrouver cet homme et lui faire retrouver la mémoire avant de profiter enfin de sa liberté.

La garnison tombait en ruines à chaques secondes laissant choir au sol des morceaux de bloc de pierre qui s’écrasaient dans d’épais nuages de poussières. Le temps pressait mais le Commandant savait bien qu’Agasio avait eut largement le temps de faire évacuer les derniers Daevas du rocher, il ne restait plus que lui et l’édifice qu’avait construit ses parents. Edifice qui n’était plus très bien stable mais qui avait par le passé protégé bon nombre de personne.

Sans attendre, il prit une allure plus rapide afin de sortir au plus vite, esquivant les débris, les blocs de roche et autres matériaux.

Le pan du mur du bureau du commandant laissa la place à un trou béant sur l’extérieur, et, entre le sol et la garnison il n’y avait plus que quelques mètres, l’impact était imminent.

“Hey ! Commandant Ezeckiell vous voila !”

Le son de cette voix le fit frémir de peur car il l’avait reconnu pour l’avoir entendu et mémorisé. L’asmodien se tenait derrière lui. Son sourire sadique accroché à ses lèvres sombre. Il ne reconnu pas le langage, il ne le comprenait pas.

La garnison s’écrasa violement, une épaisse poussière marron s’éleva dans le ciel formant un nuage opaque. La scène pouvait être observé par chaque Daevas dans le ciel, ceux qu’Agasio venait de faire évacuer.

Deux traits s’extirpèrent de cette zone, une paire d’aile noire suivit d’une paire d’aile blanche.

“Oh je suppose que tu ne me comprends pas…Quel dommage de ne pas se rappeler”

“…”

“Pourtant j’ai cru entendre que tu avais appris la langue des anciens mais d’après ton silence tu ne sais rien”

“…”

Un flot d’images, de sons, de couleurs et d’odeurs affluait dans sa tête comme un torrent, des souvenirs, des émotions, Ylenwe…Ylenwe ! Comment avait il pu oublier cette personne, la Légion mais oui ses parents à lui, le bal, le méla. Les Sharidar, la famille Sharidar, la légion d’assassins, leur code…le Pourpre

“Oui il parait que je parle l’ancien très bien, du moins aussi bien que dans mes souvenirs”

Le changement venait de se faire, le Commandant se tenait d’une façon nouvelle, dague vers l’arrière, la garde de ses armes vers l’avant, à la manière de ses parents et de ceux ayant fait la réputation de la Légion.

“Quelle bonne nouvelle, je dois néanmoins te préciser que même ainsi tu ne peux pas concurrencer l’enseignement de notre Légion, d’ailleurs tes parents auraient pu en témoigner”

“Je vais te démontrer le contraire !”

Mais comme l’avait promis Agasio, dès le retour des souvenirs de son héritier, l’asmodien serait libre de partir. Les deux Daevas se fixaient.

“Daevas de la Légion Pourpre, inutile d’intervenir pour aider notre Commandant, il vient de retrouver son passé, sa mémoire. Cette posture en témoigne. Il ne fera qu’une bouchée de cet asmodien.”

Mais la vie et Aion surtout, en avait décidé autrement. La faille qui s’ouvrit au dessus des deux Daevas n’était qu’un simple hasard ? Une aubaine pour l’asmodien. Sans hésitation il vola jusqu’à son centre poursuivit par Ezeckiell mais à l’approche du vortex, une étrange décharge l’envoya vers le bas.

Mais le Commandant avait de la ressource, il déploya ses ailes, du moins celle encore valide pour se poser sans encombre non loin du reste de ses membres au sol. Loin de sa prestance habituelle, le jeune héritier avait le visage couvert de poussière, les vêtements plus aussi pourpres et une aile légèrement pliée.

Le nuage de poussière venait de retomber enfin. La vision qu’offrait la garnison faisait peine à voir. Il ne restait plus que des ruines, des morceaux de pierres ici et là formant des tas plus ou moins gros. L’œuvre de la famille Sharidar n’était plus. Le jeune héritier contemplait le désastre, il aurait voulu empêcher ça mais comment aurait-il pu ? Ses pouvoirs de Daeva ne pouvait rien contre la force de la nature elle-même, mais en prenant avec lui l’artefact, il avait évité que la faune et la flore des alentours ne soient rasés à jamais par la puissance de l’objet en question.

Malgré sa profonde tristesse, il se donnait un air neutre essayant de ne pas montrer sa peine à ses membres.

"Agasio qu’allons nous faire ? Que va devenir la Légion Pourpre sans garnison ? Ou allons nous loger tout ce monde ?"

"Jeune héritier, la Légion Pourpre n’a pas besoin de garnison pour vivre, depuis que vous avez repris l’ordre de feux vos parents, vous n’avez cessé de la faire grandir, à présent une simple garnison n’est plus suffisante."

"Crois tu que nous avons le temps de bâtir une maison pour chaque personne qui logeait à la garnison ? Il faut se rendre à l’évidence, la Légion Pourpre vient de perdre sa seul maison, son toit, son âme… "

"Je sais bien que cela vous attriste mais…Vos parents avaient envisagé un jour cette tragédie et c’est pour cela que vous allez tous me suivre sous Sanctum, nous allons rebâtir l’âme de la Légion en peu de temps, Aion en sera le témoin."

"Rebâtir…Sous Sanctum…A quoi bon… "

"Héritier je vous le demande avec le soutien de tout vos membres, levez vous et suivez moi sous Sanctum. Croyez en vos parents !"

"Tu as raison Agasio !"

La détermination d’Agasio fit que le jeune héritier se décida à le suivre avec le reste de la légion, ses Daevas.

Il prit la main d’Ylenwe sans un mot. Il fredonna juste un air, celui du bal, le premier ou son regard bleu avait rencontré celui de celle qui devait devenir sa femme avant que sa mémoire ne s’éteigne.

A présent il se rappelait de tout et du moindre détails. Son passé d’assassin aux service de Sanctum, son intégration dans l’escouade d’espionnage et de renseignement, sa dernière mission, sa demande de mariage, l’embuscade dans lequel il avait été conduit, son affrontement contre un général Balaurs alors qu’il suivait la trace d’un asmodien.

Le groupe arriva sous Sanctum sans encombres et rapidement. Il n’y avait qu’un lac, une immense étendu d’eau et en son centre un bout de terre trop petit pour bâtir le moindre édifice mais sur lequel se tenait fièrement un pilier de pierre.

"Membre de la Légion Pourpre je vous demande de rester quelques instant ici, quand à vous Général veuillez me suivre jusqu’à ce morceau d’ile"

"Bien Agasio, je me demande comment tu compte rebâtir la garnison sur ce morceau de terre"

"Suivez moi simplement héritier"

Les deux Daevas partirent devant, Agasio fut le premier à poser un pied sur la minuscule île suivit par son Général.

"Votre pendentif que fait il ?"

"Mon quoi ?"

"Le collier de vos parent Général !"

"Ah… Il scintille"

"Bien, approchez le du pilier"

"Et ?"

Et bizarrement le pendentif devenait de plus en plus brillant, tellement que le pilier émit un léger cliquetis et dévoila une petite cavité de même forme que le bijoux.

"Je pense que vous devriez le déposer à l’intérieur Général"

"Le déposer ?"

"Oui si vous voulez admirer la vraie œuvre de vos parents, la partie caché de la famille Sharidar, l’avenir de la Légion Pourpre."

A peine le pendentif dans la cavité que le sol se mit à trembler, l’eau calme et plate venait de s’animer autour d’eux. Sur la berge les membres pouvaient voir au fond de l’eau quelque chose remonter, quelque chose d’énorme, une forme indescriptible et visiblement animé d’une certaine force.

Il ne fallut que quelques minutes écoulé afin que de l’eau tumultueuse émerge l’œuvre des Sharidar, la Ville-Légion. Une imposante structure de pierre blanche et crème, des rues décorées de pavés blanc et pourpre. Des bâtiments, des échoppes. Les édifices jaillissaient de l’eau à une vitesse impressionnante faisant disparaitre le lac au fur et à mesure.

Le pilier s’enfonça dans le sol et disparu. Agasio et le Général se trouvait au centre.

"C’est…C’est… "

" …Impressionnant oui je sais, voici l’œuvre de tes parents, une structure conçue pour abriter et protéger les Elyséens si les Balaurs ou les Asmodiens venaient à devenir une menace envahissante. "

"Et…Mes parents sont les créateurs de tout ça ?"

"Disons qu’ils ont eu de l’aide, beaucoup d’aide, j’ai d’ailleurs participé à certains travaux"

"Je n’en crois pas mes yeux"

"C’est ton héritage, le seul ayant de la valeur, voici notre nouvelle garnison. La tienne, la leur."

"Je ne sais pas quoi dire…"

"Appelle tes membres et commençons notre nouvelle histoire en ses lieux, la Légion Pourpre n’est pas morte, elle vient de renaître mon Général."

Chapitre VII : Conscience


« A vouloir se chercher parfois nous nous perdons…
Seul notre conscience sait ou elle va et ce qu’elle veut…
Il suffit de l’écouter… »


Verteron était, pour Ezeckiell, l’endroit de son enfance. Là ou, avant de devenir Daeva, il venait avec Agasio s’entrainer durement pour maitriser l’art du combat, l’apprentissage de l’alchimie.

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas revu son père*, depuis trop longtemps même. C’est d’un pas pressé qu’il se hâta devant la porte du manoir du vieux Daeva.
Il n’eut pas le temps de frapper, l’homme l’attendait et ne se fit pas prier pour venir à sa rencontre.

« Général Ezeckiell ! Vous vous êtes enfin décider à venir prendre un verre dans ma demeure. »

« Agasio…Pourquoi ne veux tu pas cesser de me nommer Général, je ne suis plus dans les rangs depuis un moment. »

« L’habitude que voulez vous. Qu’est-ce qui vous amène ici ? Ou se trouve Dame Del’Polaris ? Ou sont les filles ? »

Il n’eut comme réponse, qu’un léger sourire. Le vieux Daeva accompagna son Général dans son manoir, de nombreux souvenirs, des cris, des pleurs, il y avait ici presque toute son enfance.

Ils venaient de traverser le couloir principal menant à la terrasse. L’endroit était comme jadis, lumineux, à l’ombre par endroit. Une table trônait au centre de ce rectangle de pierre blanc et dessus, une bouteille de Méla et des verres, cinq verres à vrai dire.

« J’aurais cru que vous seriez venu avec elles Général. »

« Justement Agasio, je suis venu dans l’intention de te faire part de nombreuse décision de ma part. J’aimerais que tu sois humble et franc, je ne te demande pas de me juger, simplement de me conseiller. »

« Je vous écoute mon Général… » Prenant place sur une chaise autour de la table.

« Je…Ylenwe n’est plus avec moi. »

Agasio se figea, le verre qu’il venait de se servir manqua de se renverser à cette annonce. L’héritier venait de quitter dame Del’Polaris.

« Vous me faites marcher ? »

« Hélas non Agasio…Ne t’inquiètes pas pour les filles, elles vont bien, elles sont avec Calyan. »

« Je ne m’inquiète pas pour elles mais plutôt pour vous Général…Et dame Del’Polaris »

« Elle va bien elle est avec Exirel. Mais je ne suis pas venu la pour ça… » Il plongea une main dans son cube et en extirpa l’artefact de ses parent.

L’homme aux cheveux grisonnant eut un mouvement de recul. Il connaissait que trop bien le pouvoir destructeur d’un tel objet.

« Vous êtes conscient que vous tenez dans vos main l’objet qui a détruit la garnison ? »

« Je le suis, mais comme tu le sais aussi bien que moi, il n’est plus actif. Du moins si je ne l’active pas. »

« Pourquoi l’avoir amené ici ? »

« Je voulais savoir si mes parents auraient pu laisser des indications sur ce genre d’objet. »

« De mémoire non, vos parents étaient juste charger de protéger l’artefact et si possible d’en trouver d’autres afin de les confier à Sanctum. Comme vous, vos parents avaient le don de trouver des objets de la sorte. »

« Pourquoi confier un objet d’une tel puissance à Sanctum ? » Il glissa l’artefact dans son cube.

« Je ne sais pas. Peut être que le Sanctum aimerait mettre ça à l’abri des Asmodiens. »

« Peut-être mais… »

« Vous en douter n’est-ce pas ? »

« En effet… »

La conversation dura encore longtemps si bien qu’à un moment, le Général annonça une chose improbable. Une chose qu’Agasio n’aurait même pas cru entendre un jour. Faire des dons à l’orphelinat, il en était capable mais la…

« Je vais partir Agasio, loin de Sanctum, Je vais essayer de rassembler le même type d’objet que mes parents avaient sous leur surveillance. Je ne fais pas vraiment confiance à Sanctum. A vrai dire, j’ai peur qu’ils prennent l’artefact de mes parents pour condamner les Asmodiens… »

« Je comprends mais…Si vous partez sans même les prévenir eux… »

« Je sais qu’ils me suivront. Je sais que je suis lié à eux, que la famille Sharidar est sous leur contrôle mais il est temps de changer les choses non ? » Son regard océan se posa longuement dans les yeux gris d’Agasio.

« Vous vous rendez compte de l’ampleur de la chose ? » Dans un sourire.

« Je me rends compte oui. Mais je veux poursuivre le rêve de mes parents et avant de le réaliser je dois empêcher Sanctum de contrôler ce genre d’artefact. C’est pour cela que je dois partir. J’ai un navire à quai qui est prêt à mettre les voiles. »

« Ainsi donc votre décision est déjà prise ? Que faites vous des jumelles ? Ne voulez vous pas reconquérir le cœur de votre…Femme ? »

« Agasio, il est trop tard pour ça, je ne suis pas à la hauteur de son amour et je dois l’oublier, il le faut, je ne dois plus revenir à Sanctum. Je te demande juste une chose, c’est de veiller sur eux. De me promettre qu’elles seront en sécurité… »

« Je tiendrais ma promesse Général. »

C’est ainsi qu’Agasio réalisa que son héritier n’était plus le jeune gamin qu’il avait connu par le passé. Il avait son propre chemin à suivre à présent, il devait fuir Sanctum et partir sur les traces de ses parents.

Rassembler les artefacts de l’ancien monde, les protéger de la haute sphère de Sanctum, se mettre en confrontation avec eux. Il était temps pour la famille Sharidar de retourner à ses origines.

Redevenir une famille de chasseur, d’assassin, de traqueur, une famille libre d’agir sous aucun ordre.