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 [Asm] Fin d'un grain de sable

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MessageSujet: [Asm] Fin d'un grain de sable   [Asm] Fin d'un grain de sable Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 10:53

Un bruit répétitif, pénible, aliénant se répercute à ses oreilles. Un bruit qu'elle connait par cœur sans pour autant réussir à l'identifier. Elle reconnait la tonalité de l'eau, tout en étant certaine que ça n'en est pas, elle reconnaît les intervalles de silence entre chaque répétition, comme un cortège de gouttes pendillant d'un robinet et volant en éclat les unes après les autres sur un sol de marbre. Mais ça n'est pas ça non plus, elle l'écoute depuis trop longtemps pour avoir un doute quelconque à ce sujet. Ce bruit lui est inconnu bien qu'elle l'entende depuis... Elle ne sait même plus. Il y a aussi cette sorte de grésillement pétrifiant, des ongles crissant sur de la pierre dans l'espoir fou de l'entailler pour s'extirper d'ici. Mais ça non plus, ça n'est pas ce qu'elle pense. Il y a aussi toutes ces voix, ces cris venus de partout qui transpercent les murs, alourdissent l'air et viennent emplir sa tête de résonances infectes. Ca, elle sait ce que c'est. Le bruit des insectes volants, capturés en plein vol. Et que l'on écrase sans leur dire pourquoi.

Sa bouche s'entrouvre, elle s'humecte les lèvres. Sa bouche s'ouvre, elle pousse une sorte de gargouillement pitoyable. Elle n'arrive plus à parler. Plus rien. La moindre syllabe, la moindre plainte, le moindre air. Tout se perd dans des frémissements hydatiques qui la pétrifie. Son corps s'agite, elle émet quelques plaintes sourdes qui ne peuvent plus être appelés langage. Son corps se tourne, la face au sol, la pointe de son nez rappant sur le marbre, son torse se contracte, convulse, elle vomit.

Elle n'éprouve plus que des regrets. Elle a raté le Cercle. Elle l'a manqué à Métron. Elle aurait dû lui dire que même si elles ne s'entendaient pas bien elle lui était reconnaissante, mais depuis trop longtemps maintenant le silence s'était installé. Elles ne discuteront plus. Elle aimerait bien savoir pourquoi elle respire toujours alors qu'elle sait que tant d'autres nourrissent le jardin qu'elle a aperçut dehors. Peut-être que c'est grâce à elle, que c'est pour ça qu'elle ne l'entend plus. Ou peut-être pas. Peut-être est-elle juste allée conquérir la huitième. Une toux brusque et douloureuse force son corps à se recroqueviller. Depuis quand n'avait-elle plus été malade ? Elle ne sait plus. Si, elle sait parfaitement. Mais elle préfère ne pas répondre à cette question. Le décompte tomberait trop parfaitement sur l'évènement. Et elle refuse d'y penser. Elle refuse d'y croire. Elle ne veut pas.

Ses sens s'agitent. Un nouveau bruit s'élève. Une bruit connu. Identifié. Parfaitement évident. Elle se redresse, vite, affolée, frémissante, ses genoux, ses paumes la trainent de l'autre côté de la pièce, là, dans le coin. Son corps s'affaisse, se ratatine, sa tête ramenée entre ses bras. Les premières grilles, lourdes, pesantes, se sont ouvertes. Les secondes à leur tour. Elle entend le grincement des gonds, les portes les unes après les autres laissent les papillons à la merci des prédateurs. Mais ceux là n'ont rien à voir avec de jolies mésanges, de simples araignées ou des chauve-souris. Ils sont l'ombre qui court sur le monde. Peu importe leurs noms, leurs grades. Ils sont l'exécution de l'Ordre. Elle n'a jamais réellement accordé d'importance aux croyances quelles qu'elles soient. Le culte des Shedims, la vénération d'Aion. Mais depuis qu'elle sait ce qu'ils lui ont enlevé, elle se demande, vraiment, sincèrement, si les choses doivent aller dans ce sens. Si rien ne peut les arrêter dans leur folie d'Obéissance et de Conquête. Elle n'était qu'un grain de sable dans les rouages de l'Ordre.

Une dernière porte qui s'ouvre, un cri et les grilles se referment. Ca n'était pas pour elle. Elle se demande s'ils vont la garder comme ça. Que pourraient-ils lui faire de plus ? Fébrilement, ses doigts viennent tâter son bras gauche. L'intérieur du coude, là où la peau est si tendre, molle, fragile. Ca ne lui fait plus mal mais elle sent les boursouflures de la marque. Ils ont tatoué l'insecte sur sa peau, comme le signe de ce qu'elle n'est plus, l'avertissement de ce que personne n'aurait dû être. Son visage vient frénétiquement se frotter contre ses genoux, elle passe et repasse sur ses paupières closes. Est-il encore là ? Son œil la brûle depuis des jours. Elle se demande comment est sa pupille. Les poils de ses bras se hérissent. Elle sent. Elle perçoit parfaitement les effluves d'ether. Elle imagine avec une netteté terrible les courants de cette essence vitale aux daevas passer au travers d'un corps redevenu cruellement humain. Et elle ressent sans y être la douleur intolérable de celui ou celle que l'on consume pas à pas. Pour les Hommes, l'ether n'est qu'un brasier de plus dont il faut se protéger.
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MessageSujet: Re: [Asm] Fin d'un grain de sable   [Asm] Fin d'un grain de sable Icon_minitimeDim 7 Fév 2010 - 10:53

Les effluves de la réalité la dérangent dans son sommeil. A chaque nouveau réveil elle se fait la même réflexion. Elle ne s'était plus sentie si viscéralement fatiguée depuis des années. Le besoin de repos n'avait plus été si agressif depuis des années. Finalement c'est peut-être bien ça être daeva. Perdre la notion des choses parce qu'on en a simplement plus besoin. Peut-être aurait-elle fait comme Prudence. Peut-être aurait-elle arrêté de manger, de rire, de penser. Peut-être, qu'au bout d'un moment, elle se serait contentée de suivre sans plus se poser de questions. Elle comprend mieux à présent.

Et elle regrette.

Quelque chose ne va pas.

La pièce qui forme son univers depuis si longtemps n'est pas aussi lumineuse. Au travers de ses paupières closes elle perçoit le scintillement des rayons de la Tour. Ce n'est pas normal. Elle essaie d'entrouvrir les yeux mais son corps refuse, se cabre, ses yeux souffrent devant tant de clarté. Elle referme les yeux brutalement, accentuant encore un peu la douleur qui sourde dans son œil gauche. Mais elle ne peut pas attendre. Elle veut voir. Elle veut comprendre. L'ont-ils déplacée ? Où est-elle ? Ses narines s'ouvrent au maximum, elle hume l'air ambiant dans une très longue bouffée d'air. Tout son être se fige. Ce n'est plus l'odeur de sel qui lui grattait la peau. Ses mains tâtent le sol. C'est rugueux. Pas propre. Irrégulier. Certainement pas le marbre de sa cellule. La paupière de son œil droit se soulève avec précautions et tressautements. Peut-être fait-il jour ou nuit. Il fait forcément plus clair que dans l'abysse des quatre murs sans lumière d'où elle arrive. Alors elle n'arrive pas à définir une heure approximative.

Ses yeux finissent par s'ouvrir en grand, de légers gémissements remontent de sa gorge à mesure qu'elle découvre l'endroit où elle se trouve. Il y a une sorte de bâche au dessus d'elle et elle met plusieurs secondes à comprendre pourquoi elle ne sent pas la fine pluie qui tombe sur la Cité des Mensonges. Elle ne se souvient pas avoir déjà vu de la pluie à Pandemonium. Jamais. Pourtant elle est certaine d'y être. Elle est sûre de se trouver à l'aérodrome. Fébrile, incrédule elle essaie de se relever. Un pied, l'autre, un genoux, l'autre. Une poussée qui oscille et un bruit sourd qui se répercute. Etalée au sol. Elle n'arrive même pas à mettre un pied devant l'autre. Elle a faim, terriblement faim. Comme un trou béant qui lui dévore les entrailles, la consume et empêche son corps de fonctionner.

Alors qu'elle est dehors.

Elle s'agite, rampe, essaie de basculer sur le côté, de se relever. Mais ce qui lui reste de force ne fait que s'épuiser un peu plus alors qu'elle s'acharne. En vain. Elle sent les gouttes de pluie parcourir son corps. Elle sait qu'elle est en guenille. Elle sait qu'elle est pieds nus. Elle sait qu'elle a l'air de ce qu'elle était déjà il y a six ans maintenant. Sauf qu'elle sait aussi que l'endroit n'est pas approprié pour n'avoir l'air de rien d'acceptable. Un rire nerveux la secoue. Vaut mieux l'aérodrome que le Vanahal pense t-elle. Elle aime l'eau qui dégouline sur elle. C'est autre chose que la douleur. Autre chose que son corps qui se contracte, se révolte face à l'ether. Ses lèvres s'ouvrent d'abord timidement puis c'est finalement la bouche grande ouverte qu'elle absorbe avec frénésie l'eau qui tombe sur son visage. Elle sait que bientôt elle aura froid. Que rester là ne fera que l'accabler encore plus, après. Elle sait. Mais pour autant elle n'arrive toujours pas à bouger. Peut-être qu'elle va mourir là ? Finalement transie de froid, de faim, d'humanité.

Elle aimerait bien savoir quel jour on est. Savoir s'il est sorti de l'Observatoire. Il va la chercher. Peut-être qu'il la trouvera là. Ou peut-être pas. Peut-être est-il toujours enfermé. Après avoir tant souffert pour les ouvrir elle sent ses yeux se refermer. Son estomac se tord et émet un son violent. Tellement faim.

Qui dort dîne parait-il...
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