Les mains jointes, les yeux clos, le corps droit. Nul signe de frémissement. Nul signe de vie. Comme souvent, elle priait.
Debout. Droite. Immobile au milieu du Temple réservé aux disciples de la Main. Nul autre endroit ne lui permettait tel recueillement.
La nouvelle lui était parvenue il avait plusieurs jours. Avant que toute ces histoires d'Edellas, de Reniel ne commencent. Elle n'avait pas encore eu le temps de prier. Elle avait mis du temps à assimiler l'information.
Retournée à l'éther.Elle ne savait pas comment prendre la nouvelle. Elle était, avec elle-même, la dernière représentante d'un courant, d'une faction désormais éteinte. Ou presque. Le feu s'éteindrait avec sa mort à elle, un jour. Dans pas trop longtemps si le Destin décidait de se montrer clément.
Madalen est morte.Ses paupières s'agitèrent aux souvenirs des paroles de Brakan. Comment savait-il ? Question stupide quand on parle du Daeva de la Divination. Il sait, c'est tout.
Prépare toi.Ainsi donc l'Histoire n'était pas terminée. Quelqu'un devait donc encore détenir des bribes d'information. Suffisamment pour la faire passer d'Exécutrice à exécutée. Mais pour l'instant elle est toujours là. Plantée au milieu du Temple, faisant fi de tous les mouvements et bruits autour d'elle. Elle prie.
Elle prie pour la dernière amie qui lui restait, désormais éteinte.
Retournée à l'éther.Ses lèvres ne s'entrouvrent pas, et c'est dans ses songes qu'elle récite cette prière qu'elle a trop souvent tue. Trop souvent. Et pourtant la dernière fois remonte à si longtemps...
Première parmi les Premiers,
Votre nom loué et votre force admirée,
Aujourd'hui comme hier votre absence m'effraie.
Mais aujourd'hui n'est pas demain
Et ce jour la peine me consume.
Je vous ai suivie, je vous ai perdue,
Ainsi que d'autres qui ce jour ne sont plus.
Première parmi les Premiers,
Votre courage et votre foi célébrés,
Aujourd'hui comme hier beaucoup sont tombés.
Mais aujourd'hui une seule âme me tourmente
Et ce jour voit l'oraison de Madalen.
Je l'ai suivie, je l'ai perdue,
Ainsi que d'autres qui ne seront jamais plus.
Elle déglutit péniblement, ses mains retombent le long de son corps et ses yeux se rouvrent sur l'obscurité ambiante. Elle doit être là depuis des heures. Elle n'a plus le temps.
Elle tourne les talons et s'en retourne à ses affaires. Les fantômes n'apportent nul réconfort. Leur souvenir encore moins.
A suivre...