Bon gré, mal gré

Penchée au dessus d'un vieux livre ouvert, psalmodiant tout bas quelques homélies oubliées des foules, elle ne l'avait pas vue entrer. Ni même entendue. Mais rien d'étonnant à cela, un exécuteur de l'Ombre doit savoir se montrer discret.

« Slyce » avait-elle simplement dit, tenant une lettre cachetée d'un sceau officiel.

« Jylla » avait-elle seulement répondu, renvoyant à son interlocutrice le léger sourire qu'elle lui offrait.

Puis elles s'étaient séparées, comme de rien, qu'importait après tout ? Décachetant la lettre avec précaution elle la parcouru rapidement, ses sourcils se fronçant légèrement à mesure que ses yeux déchiffraient chaque lettre, chaque mot.

Chorus Artis. Inconnu au bataillon. Animasangue. Cela lui disait vaguement quelque chose, la présence d'un nom de famille indiquait une famille noble. Le Vanahal. Encore et toujours le Vanahal. Elle détestait cet endroit et la majeur partie des gens qui y vivaient.

« Bon. » murmura t-elle pour elle-même. « Il semble que l'heure ne soit plus à la prière ma chère ».



La plume griffonnait prestement des annotations, un charabia illisible de signes, de chiffres et de lettres. Elle avait toujours conservé la passion du cryptage, un des rares bon souvenirs de son passage à la Cour des Ombres.

Peu d'indices avaient été laissés sur cette troupe d'amuseurs publics, l'Animasangue première du nom laissait derrière elle quelques héritiers et beaucoup de questions. Surtout pour elle. Définir la loyauté d'une personne se basait sur nombre de choses.

Son histoire, les détails de sa vie, ses convictions, ses amis, ses ennemis. D'autres choses encore. Le travail allait être long et le simple fait d'interroger cette... Edellas, ne saurait lui fournir les informations suffisantes. Au moins se ferait-elle une idée du personnage.

Tout de même... On avait pris grand soin de faire disparaître la majeure partie des données. Cela la mettait mal à l'aise. Mal à l'aise et de mauvaise humeur. Elle n'aimait pas être de mauvaise humeur, cela la rendait encore plus exécrable que d'habitude et dès lors les gens se croyaient obligés de lui faire des remarques.

Et quand ça venait de ses supérieurs elle était bien obligée de les écouter. Et encore plus que le Vanahal elle détestait les paroles superflues qui lui faisaient perdre son temps.


Edellas Animasangue été arrivée pile à l'heure, au moins elle avait la ponctualité pour elle, à défaut d'avoir la politesse, la courtoisie, et la loyauté.

Sur ce dernier point elle en était certaine. Nulle trace d'Asmodae dans le cœur de la femme qui venait de quitter son bureau. Sans doute s'y trouvait-il de la fierté mal placée, l'honneur de son simple nom de famille qu'elle n'avait rien fait pour mériter, et une conscience aigüe de sa personne.

Pour le reste. Il allait falloir repasser.

Elle avait voulu lui poser une dernière question, personnelle, mais l'autre ne lui avait même pas laissé le temps d'ouvrir la bouche. Qu'à cela ne tienne, elle la poserai une autre fois. Attendre ne la dérangeait pas.

Le rapport sur l'enquête avait été rédigé juste après celle-ci, couchant les réponses à chaque questions, les appréciations professionnelles et l'avis personnel. Elle n'avait aucun doute sur la suite.

Tout ça ne suffirait pas aux Juges de l'Ombre. Il faudrait plus de détails, de preuves... Elle allait devoir poursuivre l'enquête, probablement au plus prêt du sujet. Ca ne lui plaisait pas, mais elle s'en accommoderait. Les ordres étaient les ordres.

Mais ça n'était pas vraiment un mal ceci dit. Elle avait bien besoin de... Distraction. Même si c'était pour -au final- refourguer cette dite distraction entre les mains des exécuteurs.

Abelh se tenait là, dans une de ses tenues noires, l'air curieusement sérieux, debout face à une de ses nombreuses bibliothèques, triant ses livres tous aussi vieux les un que les autres, regardant sa fille du coin de l'oeil, calme malgré la discutions tendue.

« Alors ? Vas-tu continuer à refuser longtemps ? Cela ne changera rien au fait qu'un jour où l'autre, tu devras la reprendre, je ne peux pas la confier à ton frère et tu le sais mieux que moi. Edellas, arrêt de tenir tête ainsi à une chose inévitable. »

Elle détourna le regard, réfléchissant et refusa encore et encore, hurlant face au calme plat de son père. Elle se tut à l'arrive de Greco dans la pièce, qui fut mit au courant du problème par Abelh, il ne lui fallut que peu de temps pour convaincre Edellas que le projet pourrait être utile. La jeune femme retourna face à son père, dents serrées pour au final...

« Soit, je reprends la troupe là où tu l'as laissée.»

L’énervement au ventre, Edellas avait accepté un projet, celui de sa famille, son père si occupé était-il lui donnait une responsabilité qu'elle n'avait pas prévue, pas calculé. Elle avait fait l'effort de prendre en compte que c'était important pour le patriarche, même si la jeune femme avait horreur de l'imprévu et n'était pas convaincue de la sureté de la chose, elle fit la folie d'accepter.

Il ne fallu que peu, trois jours tout au plus pour recevoir une lettre qui ne pu que l’agacer on ne peu plus. Une enquête, sur la troupe, mais selon elle surtout lui elle même, lui prenant son temps, lui barrant ses occupations. Elle n’eut pas le temps d'en parler au père, qu'elle dû partir à cette convocation qui l'exaspérait au plus haut point, malgré la présence de Greco, qui en général la contenait, lors de la confrontation à celle qui devait l’interrogé. Une femme qui amorça la conversation d'une manière qui déplus immédiatement à Edellas et qui donna le ton à la suite de l'entretient particulièrement froide et sèche.
Questions après questions, l'envie de quitter la pièce de la sorcière montait, les trouvant plus stupides et inutiles les une que les autres, elle hésita, mais autant elle pouvait être désagréable, autant elle était loin d'être irréfléchi.
Sa foi était disséquée, plus que tout autre chose, sujet qui pour elle, était on ne peu plus compliqué. Lorsque la libération fut sonnée, Edellas regarda son interlocutrice qui lui dit « Je vous raccompagne. » Arrivée à la sortie de la pièce, Greco était là, attendant nonchalamment et regarda Edellas, l'air impatient de manière blasé et curieux de ce qui avait pu être dit.

« Ah enfin ! Je commençais à trouver le temps long. »

Elle le regarda, un regard que seul lui pouvait comprendre et suivit Slyce jusqu'à la sortie.

« M'oui..vient. »

A peine arrivée à la sortie, à peine lui avait-on dit qu'elle allait être recontactée, Edellas d'une voix de plus cynique tourna les talons et dit.

« Sublime, merveilleux, au revoir.. » Et parti sans laisser le temps d'un quelconque réponse.


Un journée, il ne fallut que cela pour apprendre qu'a partir de maintenant, elle allait être accompagnée à ses déplacements en dehors de Pandaemonium, il ne lui manquait plus que cela pour être de bonne humeur, même merveilleuse humeur bien massacrante. Que ce que ça allait être ? Surtout combien de temps ? Beaucoup de questions encore sans réponses pour une personne qui aime tout avoir décidé et contrôler avant exécution. Ça ne va pas être simple ce triangle de route obligatoire le temps du doute.

Suite à la fameuse lettre qu’Edellas avait reçu, Greco ne pouvait empêcher la petite alarme de son cerveau de crier au danger. Soupirant, contrarié, l’Asmodien songea à la brève vision de l’enquêtrice ; une petite asmodienne froide comme une pierre, sans doute plus âgée qu’il n’y paraissait et certainement très obéissante envers les supérieurs qui lui étaient assignés.

Les rues de Pandémonium restaient comme à l’accoutumé, aussi stagnante qu’une mare d’eau vaseuse. Les faux-semblants et les poésies roulaient dans l’atmosphère avec une lenteur exagérée, alors que dehors, les conflits rugissaient. Alors que le musicien enfonçait ses mains dans ses poches, scrutant la foule indifférente, l’idée que cette enquête allait sans aucuns doutes perturber un grand nombre de ses projets, ainsi que ceux d’Edellas, lui fit machinalement froncer les sourcils.

« Déplacements surveillés…humph…vive la liberté. »

D’un autre côté, il n’était pas réellement visé par ce petit désastre gouvernemental, mais le simple fait que cela concerne Edellas de si prés, rendait sa participation obligatoire. Jamais l’un sans l’autre. Il préférait choisir à une liberté en solo, une prison en compagnie de celle qu’il appelait « son tendre bijoux ». Et puis… peut être que les doutes de marchutan dissipés, cette Slyce pourrait s’avérer utile… Tâche ardue que de gagner sa confiance, et pourquoi pas son amitié ? Greco sourit à la ville en pensant que les voyages faisaient de nombreuses choses et que l’exécutrice serait autant le plat qu’eux deux. Après tout… son caractère vicieux, nimbé de cette élégante courtoisie lui avait autrefois beaucoup servit. Il était peut être temps de réviser son rôle, même si le maton féminin avait l’air d’être un lourd morceau…

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L’Asmodien entendit la porte de la chambre se claquer devant lui et, bloquant sa marche, il soupira. Passant une main dans ses cheveux, aussi noirs et brillants que la nuit, Greco resta dans le hall un bon moment, sans savoir que faire. Alors qu’il allait persister, s’avançant vers la porte close, le verrous de la serrure annula toutes tentatives d’approches. Il avait bien compris ce qu’il s’était passé au fond des Abysses ; bien plus que les apparences n’avaient montrés.

« Edellas… »

La légèreté qui avait dominé la soirée ne pouvait qu’avoir des conséquences néfastes sur sa compagne. Pourquoi se mentait-elle ainsi ? Sa recherche semblait lente, tâtonnante encore malgré tous les efforts que Greco déployait et les sentiments restaient un sujet trop souvent hésitant, trop souvent silencieux. L’asmodien bloqua son regard sur un siège du petit salon et s’y affala, épuisé. Callant sa nuque sur le bord du dossier, il s’accorda un peu de repos physique, comme pour contraindre son esprit de réfléchir encore plus. Le clavecin en face restait seul témoin de l’égarement du daeva et de sa face stoïque, élégante et lisse, de son profil sculpté, il semblait ricaner, donnant la réplique à la sculpture hideuse à ses côtés. Greco promena un regard sanglant sur les travers pornographiques de l’œuvre de la tante d’Edellas et sourit en coin.

« Hideux. Mais belle dans sa laideur… »

L’image d’Oregan et de Ceylati s’intéressant à des questions plus que personnelles, tout en restant cruellement globales, s’imposa à son esprit. A une autre époque, il aurait sans doute bravé les interdits pour aller trousser de l’autre côté de la limite, histoire de se payer du bon temps en compagnie des autochtones Elyséennes. Aujourd’hui, ce n’était plus la même histoire, le rythme de la danse avait changé, en même temps que celui de l’éternité. Le musicien tourna un regard vers la porte désespérément fermée, une pointe de douleur au cœur. Elle partait demain. Sans lui et déjà trop loin. Il se prit à lui en vouloir de le traiter ainsi, d’être aussi barrée que cette porte, de ne pas comprendre son inquiétude.

Se fustigeant moralement, il maudit son égoïsme soudain. Edellas avait beaucoup en tête certainement, et cette soif…cette soif qui devait la tenailler jusqu’au fond d’elle-même… Cette addiction à laquelle il restait impuissant à canaliser. Le sang pour le sang n’était-elle pas une des devises Asmodienne ? Non. Edellas ne pouvait être identifiée à une banale formalité. Il faudrait tôt ou tard qu’elle chasse, mais pouvait-il lui mener sa proie sur un plateau d’or ? L’éxécutrice devait être écartée de la vérité, du secret et Greco songea à la possibilité de nuire à sa vie, au cas ou elle pénétrerait trop loin dans la brûlure de leur intimité, cette chaleur intense qui seule, les gardait en vie et dont l’espoir naissait aujourd’hui pour que demain ne soit plus si floue.

«  Il faudra bien trouver la fin de ce bordel Greco. Et rapidement…. »

Il avait fallut qu'elle attende. Et après ça il avait fallut que la conversation se passe au Vanahal. Fallait-il donc que toutes ses soirées se déroulent de la façon la plus déplaisante qu'il soit ?

Elle mettait ses notes au propre, rédigeant patiemment son rapport quotidien sur l'enquête qui la liait à Edellas Animasangue. Et à Greco « Marcus » depuis hier soir. Quoi que ce dernier aurait probablement mérité une enquête à son propre nom.

Son front était barré d'une ride soucieuse. Reniel la taraudait. Edellas et Greco pouvaient bien penser sincèrement que le Lépharisme était une bonne idée en soit, ils n'en restaient néanmoins que deux individus un peu louches comme le monde en portait beaucoup. Probablement y avait-il d'autres choses à apprendre sur eux. Mais pour l'heure elle ne s'en souciait pas le moins du monde.

Reniel la taraudait.

Elle se demandait s'il était fou. Agression avec, probablement, tentative de meurtre sur un Daeva Asmodien. Il fallait être cinglé.

Elle se demandait s'il était faible. A priori il n'avait fait que mettre ses mains autour du cou. Pour le reste il avait dû venir avec ses cerbères. Il fallait avoir peur des deux autres énergumènes.

Elle était à peu près certaine d'être en mesure de lui défoncer le crâne si elle tombait sur lui.

Un soupir lui échappa, ce qui attira largement l'attention de Cavalorn, peu habitué à la voir exprimer quelconque émotion. Deyla le lui avait dit. « Pour cerner, soit cernée. Pour étudier, soit étudiée. Pour comprendre, soit comprise ».

Parler d'elle ne l'ennuyait pas. Elle en avait déjà fait l'expérience. Ne pas répondre aux questions lui faisait perdre plus de temps qu'y répondre franchement.

La plupart du temps elle savait se contenter des faits. Balayer d'un revers de la main tous les détails insignifiants comme les relations sociales, les préjugés, les insinuations, l'ironie... C'était facile. Faire abstraction de ses ressentis aussi. Il lui fallait être la plus objective possible.

Mais vraiment.

Greco.

Elle ne l'aimait pas.

Encore et toujours Slyce, cette femme est un déchet de la préfecture, elle nous fait perdre notre temps à croupir à Pandaemonium et être "normaux" elle pourrait m’énerver très sérieusement si elle n'était pas aussi supportable de comportement, elle est, en apparence du moins détachée, tant mieux pour moi, je ne supporte pas les autres, encore moins les femmes.
Son air de Porel mort me donne envie de dormir, étonnant pour un Daeva, mais je vais devoir m’accommoder d'elle encore longtemps, heureusement que Greco et là pour tenir la conversation à ma place, surtout avec le sujet piquant qu'il aborde, c'est presque amusant à voir.

Pour le moment, entre Reniel et sa connerie profonde, Slyce et ses obligations stupides, je n'ai plus de temps pour mes occupations extérieurs et ça commence sérieusement à me travailler. Depuis le retour de Greco des Abysses dans un état inimaginable, je suis nerveuse, ça se vois, je manque de piquant, j'ignore les conversations qui me concerne, je commence à être en manque, il va falloir que je trouve de quoi me contenté le temps de tout ce brouillon d’ennuis.
Laisser Greco tenir la conversation avec provocation sur des sujets difficiles, attendre doucement la fin de cette histoire avec Reniel, même si l'on dois le tuer avant qu'il parle à Slyce pour qu'il arrête de venir me tourner autour par simple amusement, car je doute sérieusement de la capacité de Pandaemonium par rapport à ce type et moi, je trouverais.

Et vite, je n'aime pas la voir regarder Greco comme une personne à risque, son manque d'humour et de sens "vivant" risque de l'handicaper autant que nous .

Lépharistes et Arts seront les deux maîtres mots de notre provocation et notre sécurité, humour ou non, elle ne peux le savoir et ne le saura sans doute jamais. Je sais qu'elle cherche une faute, de quoi nous faire enfermer ou abattre, mais elle ne trouvera rien, nous n'avons rien à nous reprocher, sauf notre amour des bonnes choses qui pour elle est une perte de temps. Nous allons perdre notre temps encore longtemps, sourire aux lèvres, envies aux ventres, lui laissant observer et noter d'elle même ou par ses petits espions.

Mais pour l'heure, Reniel, je t'attends avec plaisir, arrête d'envoyer tes worgs et approche.

Elle n'avait été guère étonnée de voir arriver Laonie à la place de Reniel. Elle s'était attendue à quelque chose du genre, à vrai dire elle pensait même qu'il ne viendrait pas. Ce qui lui aurait sans doute bien facilité la vie. Un rapport orienté. Un avis de recherche. Et cette histoire passerait aux mains des Archons. Mais non. Il avait quand même pointé le bout des griffes.

Avant elle sentait déjà la moutarde lui monter au nez rien qu'en voyant Edellas, mais du coup, après l'histoire de Reniel, elle ne pouvait carrément plus la sentir. Malgré tout elle allait bien devoir finir son enquête. Enquête qui prenait des proportions bien démesurées quand, à la base, elle devait juste juger de la fiabilité d'une seule personne.

Au moins elle y voyait plus clair, si tant est que Reniel eut dit la vérité... Mais ces histoires lui paraissaient plus logiques que les faits sans queue ni tête présentés par Edellas et Greco. Malgré tout persistaient quelques zones d'ombre qui l'empêchaient de cerner l'histoire dans son ensemble.

Elle n'avait pas fini de voir défiler toute cette clique dans son bureau.

Et elle n'avait plus beaucoup de temps. Ce matin même elle était admise dans les contingents de Gelkmaros, les allers-retours vers Pandemonium et le Couvent allaient être de plus en plus espacés et tout ça traînerait en longueur.

A moins qu'elle ne demande à transférer tout ça à quelqu'un d'autre...

Peut-être était-ce une bonne idée...

Après tout elle pourrait se placer sous les ordres de Richelle, rejoindre pleinement et entièrement sa légion... Traquer les Balaurs plutôt que les Asmodiens...

Elle soupira longuement.

Cet acte anéantirait pour de bon tout ce qui la liait encore à son passé.

Elle n'était pas sûre d'en avoir vraiment envie...

Reniel et Slyce, ensemble rien de bien étonnant, je m'y attendais, il est du genre à accepter, c'est presque drôle. Appuyée contre mon mur, je ne peux que regarder les choses se déplacer comme je m'y attendais. Je me demande tout de même où tout cela va nous mener.

Ils ne mirent pas long, à peine terminé, Reniel, joueur sans fin vient me chercher, pour une verre, un compte rendu plus drôle des choses, nous l'aurions accusé de tentative de meurtre, porté peinte ? De mieux en mieux, j'aurais vraiment tout entendu !
Il y aurait même eu un mélange dans les prénoms de mon père et de ma mère, elle devient presque Drôle cette femme, pas capable de remettre les choses dans leur ordres et comme elles ont été dites. Conversation calme, comme toujours si je suis seule avec Reniel, j'en aurais apprit de belles, vraiment, mais il veux encore et toujours que j'accepte ce jeu stupide, je suis donc la seule avec un minimum de bon sens ? Même Slyce aurait accepter ce jeu crétin...C'est n'importe quoi.

Peu de temps après, de la compagnie, Felicitus, je ne l'oublierais pas celui là, je n'oublierais pas ses propos sans fondement, les gens parlent sans savoir ici, je sais pourquoi j'étais rarement en ville avant cette foutu enquête, ma famille ne vit pas l’esprit aussi fermé et jamais aussi ignorant, c'est le comble, alors que Greco venait à peine de nous rejoindre à la table, les paroles piquantes arrive sur le devant de la scène. Crétins immatures, une conversation qui n'avait plus aucun intérêt et qui me fit quitter la salle après avoir gifler Reniel, c'est surement bien mieux pour tout le monde. La fatigue me prend, je supporte plus cette ville, cette femme sur mes talons, les hommes stupides et primaires, j'ai tellement envie de partir avec mon père et sa soeur dans leurs voyages, envie de restée enfermée dans le manoir m'entrainant, encore et encore jusqu'à ce que je perde ma vie enfin au fin fond des abysses, que tout cela s'arrête.

Avant de rentrer, je devais mettre les choses au clairs, Reniel, pas loin, en colère, enérvée, je lui mit les point sur les "i", retenant mes gestes, la ville n'est pas un champ de bataille et contrairement à lui même et Felicitus, je ne suis pas là pour tirer dans les pattes de mon propre peuple. Fini, j'ai tout dis, rien n'a changé, je rentre, mais arrivée au Vanahal, passant la porte de la demeure, Greco est là, en colère, m'expliquant son état, la marque sur sa joue, Reniel la frappé, il n'a pas rendu le coup, heureusement, mais son état, sa colère, contre les remarques sans fondement, les gestes stupides des autres, il est hors de lui. Il me fallut une bonne discutions et la douceur dont je sais faire preuve pour le calmer, doucement, il finit par me remercier et moi par lui expliquer que c'est ainsi, choisir de s'affirmer parmi tout les pions qui ne servent que a frapper ou servir.

« C'est ainsi depuis que je suis Daeva, s'affirmer, choisir de vivre malgré notre rôle, choisir de voir un cadeau à ce que nous sommes plutôt que perdre la saveur des moments simples. Tu ne veux pas perdre ça et tu l'affirme, tu te bats mais tu vis pour toi et ça, c'est vite jugé, mal vu.»

Je sais de quoi je parle, ma famille est jugée pour ça, pour vivre comme par le passer, un nom, un code de comportement, une vie malgré notre place, rien ne changera, même si nous devons en mourir, Aion en est témoin.
Quelle bétise nous attend encore ? Quel étourderie de la par de Slyce ou critique de soldat fermés et sans envie propre ? Ça tourne encore plus mal que ce que j'avais prévu, il faut que ça s'arrête, ça ne me touche pas, mais le voir ainsi, plus jamais..

Jispre s'était coulé sans un bruit jusque dans ses quartiers, glissant comme l'ombre qu'il était. Il s'était tout de même donné la peine d'annoncer sa présence par un léger bruit, chose qui l'aurait probablement récompensé d'une nouvelle mort rapide dans d'autres circonstances.

« Des nouvelles ? »

« Vos trois « protégés » se sont rencontrés, au détour d'un verre. Le Centurion Felicitus se trouvait là également Ma Dame. »

« As-tu entendu leur conversation ? »

« Non, j'ai dû rester assez loin. Cependant Edellas et Reniel sont arrivés les premiers. »

Slyce hocha la tête et Jispre disparu.

Quand le chat n'est pas là, les souris dansent. Qui sait si le chat ne reviendrait jamais...

D'un œil sévère elle fixait ses orteils. La déflagration n'avait pas été très forte mais elle sentait encore des fourmillements dans ses pieds. Et que dire de l'état de ses bottes...

Elle n'aurait jamais dû se contenter d'un simple coup de poing. Elle aurait carrément dû tabasser Reniel jusqu'à la perte de connaissance. La fléchette aurait dû être un avertissement, elle s'était laissée approcher de trop près.

Il était clair que le suivre avait été une erreur, même maintenant elle ne savait pas vraiment pourquoi elle l'avait fait. Curiosité sans doute. Toujours était-il qu'il était dangereux, probablement pas bien puissant, mais dangereux.

Les gens qui se vautrent dans leurs propres mensonges sont toujours dangereux. Il pouvait bien arguer tout ce qu'il voulait, vouloir donner du panache à sa propre mort prouvait bien qu'il n'y était pas si indifférent que ça. Et que cette histoire de jeu, au-delà de toute récompense, devait bien l'aider à se sentir vivant.

Edellas avait raison de refuser d'y participer. Et finalement... Valait mieux sans doute se confronter directement à sa « seigneurie pintade » qu'à cet oiseau noir de malheur.

Demain le Prieuré ouvre ses portes.

Le Prieuré, Le Cercle. Autant de bonnes raisons pour se rapprocher des deux zigotos. Qu'à cela ne tienne, elle commencerait dès demain, après tout cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus mis les plumes à Morheim.