Rencontres

Au vacarme qui me parvenait des jardins en contrebas ma sœur devais être, enfin, de retour.
Un coup d’œil par la fenêtre au jardin du patio central confirma l'habituel prise de bec avec le majordome et le jardinier qui se tenaient devant elle en faisant rempart de leurs corps pour lui intimer de se débarrasser de son élémentaire de feu avant d'aller plus loin. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres quand elle le fit disparaitre dans un claquement des doigts aussi théâtrale qu'inutile. Elle fendit, finalement, l'espace entre les deux subordonnés, les targua de son regard le plus méprisant et sa plus belle moue, avant de disparaitre dans l'ombre de l'escalier qui menait à l'étage. Ils attendirent tout de même d'être surs qu'elle soit assez loin pour jubiler et faire un "tape moi en 5" retentissant.
Je repris place près du bureau, au centre de la grande pièce et attendit son arrivée, assise sur le coin de l'écritoire.

"... Et tout ce dont tu as besoin est ici."
Elle me tendis un petit bout de papier plié qu'elle venais de sortir de son bustier.
A mon sourcil levé, elle répondis par un: "Quoi quoi ? Tu as vu des poches sur cette robe ? "
Évidement non mais quel idée aussi d'aller en territoire contesté avec les mêmes fringues que lors de sa dernière soirée mondaine. Quoi qu'il en soit et peu importe ses méthodes elle avais réussi à avoir ce que j'attendais depuis un bon bout de temps maintenant. Un nom et une adresse.

"Et ils sont comment ?" Impossible de retenir ma curiosité plus longtemps "Enfin, je veux dire, autrement que lorsqu'ils sont morts..."
Aena semblais réfléchir, mais venant d'elle je me doutais qu'elle me faisais juste poiroter un maximum.
"Elle. C'était une femme. En tout cas je crois. Elle avais l'air d'avoir tout ce qu'il faut la ou il faut. A moins que les asmodiens ne soit vraiment différents de nous"
Elle éclata de rire. Ca lui allait bien de se foutre de moi.
Je lâchai un soupir en secouant la tête, attrapai l'agenda de l'écritoire et entrepris d'y noter les informations inscrites sur son bout de papier.
Je reposai le calepin et l'observa un moment. Elle regardais sa main droite depuis tout à l'heure et je ne puis m’empêcher de lui demander ce qui n'allais pas.
"Rien."
J'attendis 2 secondes. Quand elle lâchait un "rien" c'était souvent suivi d'un discours fleuve.
"Tout le monde sait que leur sang est aussi rouge que le notre mais j'aurai aimé savoir si ils ont la peau aussi chaude et douce que la notre"
Elle arrêta de regarder sa main pour poser ses yeux sur moi.
"Mais ca ne se fait pas de toucher les gens quand on ne les connais pas, non ?"
Je ne pu m’empêcher de lui sourire.
"Ca ne se fait pas, en effet. Et te prendre une gifle aurait été une drôle d'entrée en matière".
Elle se dirigea vers le fauteuil en marmonnant je ne sais quoi à propos de taches de rousseur et s'y affala.


Tout ce temps pour essayer d'avoir un contact avec des asmodiens pour pouvoir pondre l'article du siècle et maintenant je me demandais si je n'allais pas au devant des pires ennuis. Suis-je bête, bien sur que j'y allais et au pas de charge en plus. Trahison, intelligence avec l’ennemi... La liste devais être aussi longue que...
Les doigts empêtrés dans mes cheveux trop courts, je soupirais du plus profond de mon âme. Aena, toujours affalée dans le fauteuil, me dévisageait.
"Tu ne va pas faire marche arrière maintenant sœurette ?"
Je pris une grande bouffée d'air avant de lui répondre.

"Il faut bien que l'on sache s'ils on la peau aussi délicate que ce que tu imagines, non ?"